
Agroécologie Temps de lecture 6 min
Dominique Blancard, un heureux transmetteur
A la croisée de la recherche et des filières légumes, tabac, et vigne, Dominique Blancard, ingénieur phytopathologiste, a acquis une expertise exceptionnelle sur le diagnostic et l’étiologie des maladies des plantes qu’il met à disposition de tous. Toute sa démarche est basée sur l’organisation et la transmission de ses savoirs, piliers de divers outils Web et mobiles didactiques et innovants.
Publié le 02 décembre 2013
À l'interface des chercheurs et du milieu agricole
Un Vidal à lui tout seul. Possesseur d’un savoir encyclopédique sur les maladies des plantes, Dominique Blancard, à la pointe des technologies de communication, aime le transmettre d’un clic au plus grand nombre.
Pour un jeune qui ne voulait pas faire d’études, il collectionne les diplômes ! Après un DUT en biologie appliquée, ce Périgourdin d’adoption se lance dans une maîtrise de sciences et techniques où il découvre la phytopathologie. Cette discipline, qui décrypte les interactions plante-pathogène, l’entraîne vers un DEA de pathologie des plantes cultivées à l’Inra, en parallèle d’un DESS de gestion des entreprises. Lui qui, petit, rêvait d’être médecin le devient pour les fruits et légumes !
Embauché en 1980 à l’Inra d’Avignon à la station de pathologie végétale, Dominique Blancard débute sur les maladies de la tomate :« Ma plante fétiche ! Un modèle biologique extraordinaire, une bête au potentiel surprenant capable de vivre en cohabitant avec plus de 400 pathogènes ! Sous abri, en hors sol, la culture de tomate est ultra-technique ». Il passe dix ans,« les années les plus belles de ma vie »,en tant qu’ingénieur « charnière », à l’interface des chercheurs et du milieu agricole. Les contraintes sanitaires des filières végétales sont fortes : important des plants et leurs substrats, les maraîchers sont confrontés en permanence à de nouveaux agresseurs. Sur le terrain puis dans son labo, Dominique Blancard identifie les maladies, étudie les pathogènes et leurs incidences sur la plante. Un appareil photo dans la poche, ce jeune ingénieur à la mémoire visuelle fabuleuse entreprend de collectionner des photos sur les symptômes des maladies. Il publie dès 1984 sa première plaquette sur les maladies de la tomate : un succès, car à cette époque les livres de pathologies sont essentiellement illustrés par des dessins. Ce passionné prend ainsi comme habitude de compiler son expertise sous forme d’ouvrages, de CD-portfolios, d’un système expert, ou d’un site web, aujourd’hui références internationales dans leur domaine.
Légumes des jours
Il poursuit par le tabac, mis à disposition à l’Institut du tabac en tant que responsable de son laboratoire de pathologie végétale. Au programme : diagnostics, étiologie de bactéries et de virus méconnus, évaluation de stimulateurs de défense, sélection pour la résistance aux maladies… Il réorganise le laboratoire, passe à tabac ses maladies, met au point des méthodes de protection, anime un réseau international sur le sujet… Publie et forme un technicien.
Dominique Blancard s’engage ensuite dans le raisin au centre Inra de Bordeaux. Il étudie la pourriture acide et l’impact des moisissures de la grappe sur le goût des vins, mais il n’oublie pas ses premières amours, les légumes.« Nous, les pathologistes généralistes sommes une espèce en voie de disparition : nos connaissances ne doivent pas disparaître ».Ingénieur de la connaissance, il est guidé par le juste équilibre entre recherches, valorisation et vulgarisation. Un équilibre fructueux : au total 70 000 ouvrages vendus en cinq langues et des applications web et smartphones à disposition de tous, e-Phytia, Di@gnoplant et Vigipl@nt. Il anime ainsi, depuis une dizaine d’années, une petite équipe qui développe des produits web et mobiles au contenu de très haute qualité, d’ergonomie extrêmement pratique et aux applications multiples : reconnaissance des maladies au champ, conseil et formation à la protection des plantes, et bientôt épidémiovigilance et biovigilance… Di@gnoplant identifie déjà les maladies des salades, de la tomate, de la vigne et du tabac. D’autres sont en cours de construction sur les légumes. D’autres applis sur les arbres forestiers, les auxiliaires, les plantes horticoles, mais aussi tropicales sont en cours de construction en français, et pour certaines en anglais. Ce dynamique soixantenaire veut aller encore plus loin :« Nous avons l’ambition de créer un outil générique et pédagogique d’identification des maladies des plantes annuelles reproduisant l’expertise des phytiâtres en matière de diagnostic des maladies ».

Dominique Blancard est aujourd'hui à la retraite.