Société et territoires 5 min

CVT Allenvi, l'intelligence économique au service de l'environnement

Le CVT AllEnvi est une équipe spécialisée en intelligence économique dans le domaine de l'environnement au service des acteurs de la recherche et de l'innovation. Interrogé par l'AEF (agence d'information spécialisées), Marc Chaussade, directeur du CVT Allenvi, explique le rôle et les nouvelles ambitions de sa structure.

Publié le 31 août 2020

illustration CVT Allenvi, l'intelligence économique au service de l'environnement
© INRAE, Christophe Maître

Rediffusion avec l'aimable autorisation d'AEF info

Le CVT (consortium de valorisation thématique) de l’alliance AllEnvi est reconduit pour une période de trois ans avec un nouveau financement de 2,5 M€. Lancé en 2012 dans le cadre du PIA, c’est le dernier CVT en activité. Marc Chaussade son directeur exécutif et ses collègues Dominique Morin du BRGM et Daniel Ritti du CEA responsables du comité de valorisation du consortium reviennent, dans une interview à AEF info en juillet 2020, sur les chantiers à venir : le développement des ressources propres, une nouvelle identité à définir pour le CVT, la poursuite des services à l’écosystème et enfin l’impact et sa mesure. "Nous contribuons à faire gagner du temps aux acteurs de la recherche et nous voulons devenir l’outil réflexe des acteurs de l’écosystème de la recherche et de l’innovation", assure Marc Chaussade qui estime néanmoins que les missions du CVT "doivent être davantage connues". 

AEF info : Vous êtes le directeur exécutif du CVT AllEnvi. Pouvez-vous revenir sur les missions assignées à cet outil lancé en 2012 dans le cadre du PIA ? 

Le CVT Allenvi est le référent en intelligence économique sur les thématiques et les marchés de l’environnement

Marc Chaussade : Le CVT AllEnvi est l’acteur mutualisé des organismes de recherche qui mettent leurs forces en commun pour mieux comprendre les demandes en innovation des acteurs socioéconomiques. Nous sommes le référent en intelligence économique sur les thématiques et les marchés de l’environnement. Au sein d’INRAE Transfert, les ressources du CVT permettent d’accélérer et de sécuriser les projets d’innovation. Nous voulons devenir l’outil réflexe des acteurs de l’écosystème de la recherche et de l’innovation pour accompagner leurs projets dans le domaine de l’environnement.
Notre production première est la réalisation d’études en intelligence économique, avec une analyse comparée des avancées de la recherche et des attentes du marché afin d’étudier les enjeux clés pour la recherche et l’innovation. Nous ne remplaçons ni les Satt ni les organismes de valorisation de la recherche mais nous fédérons ces réseaux d’acteurs, en éclairant les axes les plus pertinents. 
Nous proposons un service et une offre de mutualisation. Sur des marchés atomisés comme celui de l’environnement, il est essentiel d’avoir des gens qui ne réfléchissent pas uniquement à l’échelle de leur organisme de recherche. La deuxième partie de notre travail consiste à rassembler les acteurs publics et privés en organisant des événements au moment de la restitution de nos études.

AEF info : Un rapport de la Cour des comptes de 2018 préconisait "d’arrêter le dispositif CVT". Qu’en est-il du CVT AllEnvi ? A-t-il été évalué récemment ? 
Marc Chaussade : Nous avons été évalués en janvier 2020 à la fin de notre deuxième période triennale. Le Premier ministre a décidé de prolonger notre financement de 2,5 M€ de trois années supplémentaires avec trois mots d’ordre : le développement de ressources propres, la notoriété et la poursuite des services à l’écosystème (AllEnvi ou aux Satt) et enfin l’impact et sa mesure. Le CVT AllEnvi est le dernier sur les six initialement créés par le PIA à continuer son action.

LE CVT ALLENVI EST LE DERNIER EN ACTIVITÉ "Compte tenu des exigences de performance des investissements d’avenir, l’action CVT s’est concentrée sur le seul consortium qui a démontré sa pertinence, à savoir le CVT AllEnvi (Alliance nationale de recherche pour l’environnement)", confirme le rapport d’activité du SGPI publié en juillet 2020.

AEF info : Quels sont les objectifs du CVT pour les prochaines années ?
Marc Chaussade : Nous voulons évoluer vers un nouveau modèle de financement. Ainsi à l’horizon 2025, 50 % de nos ressources devront provenir de recettes propres, l’autre moitié d’un financement récurrent de l’État. L’année dernière, nous étions à 95 % de financement de l’État et 5 % de ressources propres. Toutefois, augmenter nos ressources propres n’était pas l’objectif prioritaire de notre deuxième période triennale. Cette année, nous nous situons à 11 % de ressources propres. Pour parvenir à cet objectif de 50-50, nous proposons une offre de service à l’écosystème de l’innovation, aux collectivités et aux entreprises pour la compréhension des enjeux marchés (Ecotech, bioéconomie, environnement, changement climatique…) et l’identification de partenaires pour innover. D’autres services seront progressivement développés. L’autre objectif est de poursuivre les actions de réalisation d’études collectives en suivant les priorités définies par COVAllEnvi, le comité de valorisation d’AllEnvi qui rassemble les directeurs de la valorisation des membres fondateurs de l’alliance, et de renouveler aussi les études déjà menées. Nous lançons à peu près entre 5 à 10 études en parallèle (sur la chimie biosourcée, l’agriculture urbaine, la qualité de l’air, la valorisation des données environnementales et sur le paiement des services environnementaux).
Par ailleurs, nous allons très prochainement changer le nom du CVT AllEnvi qui ne correspond plus vraiment à notre activité. L’acronyme CVT n’apporte pas grand-chose et reste méconnu de l’écosystème de la recherche.

AEF info : Qu’est ce qui explique ce manque de notoriété des CVT et la méconnaissance des travaux initiés par ces outils ?
Marc Chaussade : La première raison est sans doute liée à notre financement, faible par rapport à l’ensemble du PIA (50 M€ sur dix ans pour l’ensemble des 6 CVT). L’autre raison importante tient au fait que nous sommes au service des autres structures. Nous orientons, nous apportons une expertise à des projets souvent confidentiels. Nous contribuons à faire gagner du temps aux acteurs de la recherche et ce n’est pas toujours visible : notre mission requiert une certaine discrétion, voire humilité. Quoi qu’il en soit, les missions du CVT doivent être davantage connues dans la période qui s’ouvre.

Daniel Ritti : Jusqu’à la fin de la deuxième période triennale, le CVT était l’outil d’intelligence économique de l’Alliance au service exclusif de celle-ci et n’avait pas vocation à être connu à l’extérieur. Sur la période qui arrive, c’est tout à fait différent. Le CVT va devoir devenir visible pour mettre en place une action commerciale et marketing pour atteindre ses objectifs.

Dominique Morin : Le PIA s’effaçant, les organismes de recherche vont devoir montrer leur volonté de soutenir l’activité du CVT sur le long terme pour maintenir l’objet en vol.

AEF info : Quel apport du CVT pour des organismes comme le BRGM et le CEA ?

Le CVT est un moyen de rencontrer des chercheurs et des apporteurs de sujets d’innovation des autres organismes et des acteurs du monde socioéconomique dans différents domaines de l'environnement.

Dominique Morin : Je connais le CVT depuis le début. Nous avons travaillé de façon collective à l’esprit du consortium, aux besoins qu’il était susceptible de satisfaire et aux types de travaux qu’il pourrait effectuer pour le compte des organismes de recherche. C’est un outil utile pour le BRGM car il nous permet d’avoir accès à des études d’intelligence économique que nous aurions eu du mal à réaliser par nous-mêmes. Le CVT est un moyen de rencontrer des chercheurs et des apporteurs de sujets d’innovation des autres organismes et des acteurs du monde socioéconomique intéressés par les sujets de l’économie circulaire, l’usage de l’eau et d’autres domaines de l’environnement. La connaissance des flux économiques reste encore à construire et nous avons besoin de nous rassembler pour partager une vision commune. Cela justifie la création des CVT.

Daniel Ritti : Le CEA est spécialisé dans les questions liées à la production et le stockage de l’énergie décarbonée (approche globale d’un système énergétique bas carbone) et doit traiter également d’autres problématiques. Il existe un outil interne au CEA qui s’appelle le SBEM (service bibliométrie et étude marketing), qui adresse des études d’intelligence économique sur le cœur de métier de la R&D du CEA. Toutefois, le CEA a besoin d’avoir accès à des informations d’intelligence économique sur l’environnement, le changement climatique, l’économie circulaire etc. Ainsi, avec Marc Chaussade, nous travaillons à un rapprochement du SBEM et du CVT car les métiers sont comparables même si les thématiques peuvent varier. Nous allons amplifier ce travail en commun dans un modèle gagnant-gagnant.

AEF info : Quels sont les liens du CVT avec les autres structures du PIA, pôles de compétitivité et Instituts Carnot ?
Marc Chaussade : Nous travaillons avec de nombreux pôles de compétitivité (Qualitropic, Axelera, Xylofutur, Vegepolys, etc.) et les Satt. Nous animons une formation sur l’intelligence économique dans le cadre du réseau Curie. De la même manière, nous collaborons avec des instituts Carnot. Nous ne signons généralement pas d’accords-cadres car nous préférons être pragmatiques pour travailler sur des projets concrets à fort impact.

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