Les compromis entre fonctions : une question d’équilibre à prendre en compte pour l’amélioration génétique des élevages de demain

Aujourd’hui, les questions liées à l’environnement et au bien-être animal sont au centre des préoccupations des citoyens et du monde de l’élevage. La transition vers des modes de production agricole et d’élevage plus durables, alliant enjeux économiques, environnementaux et sociaux est un objectif majeur. Le changement climatique et des conditions d’élevage plus diversifiées vont exposer les animaux à des perturbations environnementales et sanitaires plus fréquentes, il est donc important de rechercher des animaux performants pour une large palette de caractères, combinant niveau de production (nombre d’œufs, quantité de lait, etc.) et « aptitudes fonctionnelles » (santé et bien-être, reproduction etc.). Cependant, les fonctions biologiques qui sous-tendent ces caractères peuvent se concurrencer, et un gain dans une aptitude peut se traduire par une perte dans une autre : c’est le concept de compromis entre fonctions. Or, ces compromis, qui déterminent le maintien d’un bon équilibre entre fonctions, sont encore mal connus. En particulier, peu d’études documentent les compromis entre les caractères de production, comme la croissance ou l’efficience alimentaire, et les compétences immunitaires des animaux.

Dans des travaux publiés dans la revue Genetics, Selection, Evolution, des chercheurs d’INRAE ont mis en évidence l’existence de tels compromis. Pour ce faire, ils ont comparé des lignées expérimentales de poules pondeuses sélectionnées pour des niveaux différents d’efficacité alimentaire ou de production d’anticorps après vaccination et montré une corrélation négative entre ces caractères : une efficience alimentaire élevée est associée à une plus faible réponse à la vaccination, et inversement, une production élevée d’anticorps post-vaccination est associée à une croissance moins importante. Ce résultat confirme que l’élaboration de la réponse immunitaire, mobilisée lors d’une vaccination ou d’une infection, a un coût métabolique et énergétique non négligeable, et que cette réponse est en concurrence avec les caractères de production.

Ces résultats confirment l’importance de bien connaître la nature et l’ampleur des compromis entre les différentes fonctions biologiques des animaux et les mécanismes associés, afin de les prendre en compte dans les programmes d’amélioration génétique et d’équilibrer les différentes aptitudes des animaux dans les objectifs de sélection.

^*La capacité des animaux à utiliser l‘ingéré pour extraire les nutriments et l’énergie