illustration Biodiversité des villes et biodiversité des champs à l’honneur
© Geoffroy Lasne

Biodiversité 5 min

Biodiversité des villes et biodiversité des champs à l’honneur

Deux jeunes chercheuses de l'institut reçoivent un prix de la Fondation pour la recherche sur la Biodiversité (FRB) pour leurs travaux novateurs sur la diversité du vivant, ancrés dans des enjeux de relations science/société. Cette récompense leur est remise lors d’une soirée célébrant les 10 ans de la FRB, à l’Orangerie de Bagatelle.

Publié le 27 septembre 2018

Dans les champs cultivés comme dans les sols urbains, les activités humaines façonnent la biodiversité et influent sur les services qu’elle rend. Mieux comprendre ces mécanismes et leurs effets est au cœur des investigations de deux jeunes chercheuses Inra, chacune récompensée, le 26 septembre 2018, par l’un des 9 prix remis par la FRB.

Stéphanie Arnoux

Aubergine, piment, tomate… « Nos résultats démontrent la nécessité de caractériser et de préserver la biodiversité des espèces sauvages » assure Stéphanie Arnoux qui a débuté sa thèse (1) fin 2015 au sein de l’unité de recherche « Génétique et amélioration des fruits et légumes » de l’Inra en PACA. « C’est en connaissant le potentiel des plantes sauvages que nous pouvons aujourd’hui faciliter la transition vers de meilleures conduites agricoles » explique-t-elle. Une conviction acquise en scrutant la biodiversité au sein des collections de ressources génétiques d’espèces cultivées et leurs apparentées, conservées dans l’unité. En étudiant les empreintes génétiques induites par la domestication, Stéphanie reconstruit l’histoire démographique des variétés. Ses travaux confirment l’érosion de la biodiversité chez les variétés cultivées, mais également une réduction de leur potentiel adaptatif. Mais ces connaissances permettront également d’améliorer l’adaptabilité des plantes face à des stress comme la sécheresse ou les maladies, ainsi que d’accroître les rendements et la qualité nutritive des fruits. Des innovations qui bénéficieront aux acteurs de l’agriculture.

 

Sophie Boulanger Joimel
Sophie Boulanger Joimel

Pigeon, rat, platane… « Restreindre la biodiversité des villes à cette simple image, c’est oublier ses rôles indéniables sur la régulation du climat ou de l’eau dans un monde de plus en plus urbanisé. » plaide Sophie Boulanger-Joimel, chercheuse à l’unité mixte de recherche Inra-AgroParisTech Ecosys en Ile-de-France. « Parmi la biodiversité urbaine, il existe une biodiversité « cachée » sur laquelle je me penche plus spécialement : la biodiversité du sol ». Les organismes des sols représentent en effet un quart de la diversité taxonomique globale et sont à la base de nombreux services rendus tels que la fertilité des sols ou la régulation de l’eau. « J’ai choisi de mener mes investigations au sein des potagers urbains collectifs et des toits végétalisés qui sont des espaces en pleine expansion »… Sophie concentre ses recherches sur les collemboles, animaux de quelques millimètres peuplant les sols, utilisés comme indicateurs de la biodiversité urbaine. Elle compare la vie qui habite les sols des jardins urbains avec celle des sols forestiers, agricoles ou industriels : « je souhaite que mes recherches puissent permettre une meilleure prise en compte de la biodiversité des sols et de la manière dont nos activités humaines impactent la biodiversité ». Ses démarches pluridisciplinaires lui ont permis de s’impliquer dans un projet, SEMOIRS, cofinancé par l’Ademe, en collaboration notamment avec l’Agence régionale de la biodiversité (ARB-IAU) et le LSE (INRA, Université de Lorraine) pour évaluer la biodiversité des microfermes urbaines.

(1) Son projet de thèse est cofinancé par la région PACA et en lien étroit avec Gautier Semences.