Agroécologie 6 min

Augmenter le bien-être de la truie gestante, c’est favoriser la survie de ses petits à la naissance

Loger les truies dans un environnement enrichi pendant la gestation améliore leur bien-être ainsi que la survie néonatale précoce de leurs porcelets, par le biais d'effets positifs modérés mais cumulés sur le comportement de la truie, la composition du lait et la réponse immunitaire des porcelets.

Publié le 25 octobre 2022

illustration Augmenter le bien-être de la truie gestante, c’est favoriser la survie de ses petits à la naissance
© Sophie Brajon

Dans le système d’élevage conventionnel porcin, les truies gestantes sont logées en groupe dans des cases de surface restreinte offrant peu de stimulations sensorielles et cognitives, et sont soumises à un rationnement alimentaire qui génère frustration et compétition entre congénères pour l’accès à la nourriture. Des travaux antérieurs suggéraient qu’améliorer le logement des truies gestantes en leur donnant plus d'espace et un accès à de la litière de paille profonde avait des effets positifs sur leur bien-être, leur comportement maternel et la survie de leur progéniture. L’étude conduite par des chercheuses de l’UMR PEGASE visait à déterminer s’il existait un réel lien de cause à effet entre l'enrichissement de l'environnement des truies gestantes et la survie de leurs porcelets.

Pour cela, trois niveaux d'enrichissement progressifs ont été utilisés, à savoir des enclos collectifs conventionnels sur caillebotis (C, n = 26), les mêmes enclos avec des matériaux en bois manipulables et distribution de granulés de paille après les repas (CE, n = 30), et des enclos plus grands sur une litière de paille profonde (E, n = 27). Les truies ont été logées dans ces différents enclos de l’insémination jusqu’à 105 jours de gestation puis ont ensuite intégré des loges de mise bas identiques pour les trois lots jusqu'au sevrage des porcelets.

Une diminution des stéréotypies*, des neutrophiles sanguins** et du cortisol salivaire (indicateur de stress), ainsi qu'une augmentation du comportement d’exploration ont été observés avec l’augmentation de l’enrichissement du milieu. Ce sont des indicateurs du fait que le bien-être des truies pendant la gestation était amélioré dans l'environnement E par rapport à l'environnement C. Les truies CE ont répondu comme les truies E ou à des niveaux intermédiaires entre les E et les C selon les paramètres étudiés.

Le taux de mortalité des porcelets était plus faible de 40 et 43% dans les portées E et CE par rapport aux portées C au cours de la période critique des 12 premières heures suivant la naissance, mais ne différait plus par la suite (21 ± 2% de mortalité totale entre la naissance et le sevrage).  Le niveau d'enrichissement pendant la gestation n'a eu que de faibles effets sur le comportement des truies allaitantes et la composition du lait après la mise-bas : les 2ème et 3ème jours de lactation, les truies E ont interrompu moins souvent leurs séquences d'allaitement que les truies C et CE, et le 2ème jour, le lait des truies E et CE contenait plus de minéraux que celui des truies C. Le lait des truies E contenait aussi plus de polynucléaires et de macrophages que celui des truies C, les truies CE présentant des teneurs intermédiaires.
A un jour d’âge, les niveaux d'expression par les cellules immunitaires sanguines des gènes codant pour les récepteurs de type Toll ***(TLR2, TLR4) et les cytokines (interleukine-1, -6 et -10) étaient plus élevés chez les porcelets E que chez les porcelets CE ou C, témoignant d’un fonctionnement légèrement différent de leur système de l’immunité innée.

Il est donc possible de conclure que le logement des truies dans un environnement enrichi pendant la gestation a amélioré la survie néonatale précoce, possiblement par le biais d'effets positifs modérés mais cumulatifs sur le comportement de la truie, la composition du lait, et la réponse immunitaire innée des porcelets.

La gradation des effets observés entre les environnements C, CE et E a renforcé l'hypothèse d'une relation de cause à effet entre le niveau d'enrichissement environnemental maternel, le bien-être des truies et les caractéristiques postnatales des porcelets.

* Répétition fréquente et incontrôlée d'actes sans but apparent

** Les neutrophiles sanguins constituent la classe de globules blancs (leucocytes) la plus abondante. Ils forment la première ligne de défense de l’organisme contre les infections bactériennes.

***Les récepteurs de type Toll (en anglais Toll-like receptors, TLR) constituent une famille de récepteurs de reconnaissance de motifs moléculaires microbiens. Les TLR jouent un rôle crucial dans la reconnaissance immédiate des microbes par le système de l’immunité innée.

Sylvie Andrérédaction

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Elodie Merlot contact scientifiquePhysiologie, Environnement et Génétique pour l'Animal et les Systèmes d'Élevage

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