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Agir pour la santé des sols et le climat : retour sur nos contributions à la COP26

La 26e Conférence des parties, organisée sous l’égide des Nations unies s’est tenue à Glasgow du 1er au 12 novembre 2021. Quels défis ? Quelles solutions pour lutter contre les changements climatiques en mobilisant dans le secteur des terres ? L’occasion de résumer nos contributions.

Publié le 18 novembre 2021

illustration Agir pour la santé des sols et le climat : retour sur nos contributions à la COP26
© INRAE

À Glasgow, notre délégation, aux côtés de nos partenaires, a porté plusieurs messages et idées clés pour faire progresser les transitions nécessaires dans le secteur des terres. L’ambition d’INRAE est d’apporter des solutions concrètes aux grands défis mondiaux que sont les changements climatiques, la sécurité alimentaire, la biodiversité, la dégradation des sols et la désertification, l’épuisement des ressources naturelles.

 

Philippe Mauguin, Directeur général d’INRAE

Les sols sont au cœur de bon nombre de ces défis. Le stockage du carbone dans les sols, grâce à des pratiques agricoles favorables – qui profitent à leur biodiversité et à leur santé – contribue à compenser les émissions de gaz à effet de serre (GES), atténuant ainsi les changements climatiques. En retour, comme les sols qui contiennent plus de carbone sont plus fertiles, cela bénéficie à l’agriculture et à la sécurité alimentaire mondiale.

INRAE promeut la recherche et l’innovation en matière de gestion du carbone dans les sols, pour apporter des solutions concrètes à plusieurs niveaux.  Lors de la COP26, nous avons participé au débat pour promouvoir des pratiques agricoles qui contribuent à neutraliser nos émissions de carbone, pour le climat et la santé des sols.

L’initiative 4 pour 1000 pour promouvoir le stockage du carbone dans les sols à l’échelle mondiale

L’initiative met en avant des politiques, des actions et des pratiques fondées sur la connaissance scientifique pour préserver le stock de carbone et augmenter sa séquestration dans les sols, en luttant à la fois contre l’insécurité alimentaire et le changement climatique. Un taux de croissance annuel de 0,4 % des stocks de carbone – soit 4 ‰ par an – dans les premiers 30 - 40 cm du sol réduirait considérablement la concentration de CO2, liée à l’activité humaine, dans l’atmosphère.

Depuis le lancement de l’Initiative lors de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques qui s’est tenue à Paris en 2015 (COP21), des progrès ont été réalisés. L’Initiative s’est réunie à Glasgow le 10 novembre 2021 et a présenté le plan stratégique et les mesures qui visent à amorcer une nouvelle phase de mise en œuvre opérationnelle du plan jusqu’en 2050.

Intervention de Philippe Mauguin, PDG d’INRAE : il met en lumière certains projets que nous menons aux niveaux français, européen et international pour faire progresser la recherche et l’innovation sur le stockage de carbone dans les sols.

Assurer l’intégrité socio-environnementale dans le secteur des terres

Afin d’assurer des trajectoires sûres et justes vers la neutralité climatique dans l’agriculture, la gestion forestière et les autres usages des terres, des chercheurs et chercheuses du Cirad, de l’Iddri, d’INRAE et de l’IRD ont livré des messages clés dans une note d’orientation présentée le 6 novembre, à Glasgow, par Jean-Luc Chotte, IRD, représentant l’IRD, INRAE et le Cirad.

Ces messages clés sont :

  • la contribution de la gestion des sols pour atteindre la neutralité carbone à l’échelle mondiale sera limitée, il faut des efforts d’atténuation urgents et ambitieux ;
  • le maintien et l’augmentation des stocks de carbone organique dans le sol présentent de multiples co-bénéfices ;
  • les stocks de carbone organique du sol sont limités, réversibles et fragiles ;
  • nous avons besoin de processus de consultation inclusifs et structurés pour élaborer des décisions politiques.

Faire progresser l’agriculture bas carbone en Europe : quelle est la prochaine étape ?

A Glasgow, les scientifiques d’INRAE ont mis en lumière de nouvelles recherches et innovations en cours aux niveaux international et européen.

Le Programme conjoint européen sur les sols (EJP Soil) : coordonné par Claire Chenu, directrice de recherche INRAE, il permettra d’étudier le potentiel technique de stockage de 4 pour 1 000 de carbone dans les sols au sein de 20 pays européens, en Norvège, en Suisse et en Turquie.

La nouvelle mission European Soil Deal : dirigée par Jean-François Soussana, vice-président de la politique internationale à l’INRAE. L’Union européenne a pris des engagements pour restaurer la santé des sols sur plus de 70 % des terres en Europe ainsi que des engagements sur le carbone séquestré dans les sols. Les sols cultivés perdent du carbone à raison de 0,5 % par année ; 50 % des tourbières drainées libèrent du carbone, ce qui contribue à la crise climatique. « Nous devons conserver les stocks de carbone organique du sol là où ils sont élevés, augmenter les stocks de carbone là où ils sont faibles dans les terres arables et réduire la perte de carbone dans les tourbières. », a expliqué Jean-François Soussana.

Le projet Circasa : coordonné par J-F. Soussana, il a pour but d’accroître notre ambition au niveau mondial avec la création d’un consortium international de recherche sur le carbone des sols.

Circasa : 4 priorités à construire et un consortium international de recherche sur le carbone des sols

  • repousser les frontières de la recherche avec des appels de recherche internationaux ;
  • évaluer les stocks de carbone dans le sol au moyen d’un système de surveillance, de déclaration et de vérification (démarche dite MRV), établissant une norme internationale ;
  • développer des innovations agroécologiques et technologiques avec des partenariats public-privé ;
  • permettre la co-création d’environnement et de connaissances avec des plateformes collaboratives en ligne ouvertes et des options de co-conception.

Le projet Circasa a permis de produire un cadre théorique pour la démarche MRV à l’échelle mondiale. Selon Eric Ceschia, directeur de recherche INRAE, si les prototypes MRV sont maintenant en cours de développement, des défis demeurent. Les MRV doivent être flexibles, accessibles avec un très grand volume de données à gérer. Il est également nécessaire d’assurer la sécurité, la traçabilité et la transparence de l’approche, et d’impliquer un large panel d’utilisateurs et de parties prenantes potentiels pour définir et assurer l’adhésion la plus large possible.

Ariane LelahRédactrice

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