L’agence de programme nationale Agriculture et alimentation durables, forêts, et ressources naturelles associées

Dans une interview conjointe à AEF info, Philippe Mauguin, PDG d’INRAE revient, aux côtés de Thierry Doré, directeur exécutif, sur la mise en place de l’agence de programmes Agralife, nouvel outil au service de la coordination scientifique nationale, sur le périmètre thématique « agriculture et alimentation durables, forêt et ressources naturelles associées ». 

Dépêche n° 709202 Reproduite avec l’aimable autorisation de l’Agence de Presse AEF info.  Auteur : Julien Jankowiak

Actées en fin d’année 2023, les agences de programmes des différents organismes nationaux de recherche vont se déployer tout au long de l’année 2024. Début janvier, INRAE a nommé Thierry Doré, ancien vice-président recherche et valorisation de l’université de Paris-Saclay comme directeur exécutif et pilote de cette nouvelle agence Agralife pour Agriculture et alimentation durables, forêts et ressources naturelles associées.

« Même si tout ne sera pas parfait tout de suite, nous allons avancer d’ici l’été pour proposer des premières propositions aux pouvoirs publics » signale Philippe Mauguin. « Il a souvent été dit que l’écosystème de l’Enseignement Supérieur et Recherche était riche, foisonnant, mais complexe. Les agences de programmes vont contribuer à la structuration de ce paysage en évolution », espère le PDG d’INRAE.

Quelle gouvernance pour l’agence de programmes ?

La gouvernance de l’agence de programmes repose sur trois piliers :  

• Le comité des partenaires (autres ONR, universités, écoles, Acta, Actia, ONF, Anses, etc.) Ce comité des partenaires va faire remonter des propositions de nouveaux programmes de recherche qui auront été « discutées et comparées à l’existant et notamment aux PEPR », en prenant en compte « les signaux faibles et les demandes sociétales »
• Le CSO (comité scientifique opérationnel), composé d’une vingtaine de scientifiques couvrant la diversité des disciplines présentes dans le périmètre de l’agence, piloté par Thierry Doré. « Les membres du CSO ne seront pas présents pour représenter leurs institutions respectives mais bien pour faire valoir leur qualité d’experts scientifiques », précise ce dernier. Ce comité sera « garant du fait que les propositions de programmes scientifiques qui remontent au comité des partenaires ont une qualité scientifique suffisante. »
• Le comité de liaison de l’agence de programmes, composé cette fois du MESR, du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, du ministère de la Santé et de la Prévention, également susceptible de susciter des thématiques de programmes scientifiques à l’agence.

Une unité de service pour faire tourner l’agence

Une unité de service composée d’une petite équipe et rattachée au PDG d’INRAE va être mise en place pour contribuer au fonctionnement de l’agence de programme et sera financée via le million d’euros octroyé par le MESR. « Mettre en place cette unité est la tâche la plus urgente », abonde Thierry Doré. « Elle devra être réduite au minimum, nous ne cherchons pas à développer une nouvelle superstructure au sein d’INRAE. L’agence mobilisera des compétences déjà présentes dans l’organisme et chez nos partenaires pour mener à bien ses missions », fait-il valoir. « Nous sommes conscients que les agences de programme sont regardées avec de l’intérêt mais aussi de l’inquiétude dans ce contexte de simplification », concède par ailleurs Thierry Doré. « Nous avons bien en tête la nécessité d’entrer dans cette dynamique de facilitation, sans ajouts d’éléments supplémentaires. »

Plus globalement, INRAE devra mener plusieurs chantiers dans les mois à venir, comme le souligne Thierry Doré : la « programmation scientifique urgente, la reprise du legs des alliances (qui disparaissent de fait avec l’émergence des agences) et la création d’une cartographie des forces existantes au sein du périmètre de l’agence en termes de compétences, de disciplines, etc. »

Quelle articulation avec les agences de programme des autres organismes ?

Si la question du positionnement des agences de programmes au sein des organismes porteurs se pose naturellement, celle de leurs interactions avec les agences des autres ONR existe également. L’enjeu est d’éviter d’éventuelles redondances fonctionnelles sur des thématiques qui pourraient être communes à plusieurs organismes et la coordination reste le maître mot.

Philippe Mauguin estime que « le risque de ne pas être bien coordonnés est faible dans la mesure où cette articulation a été pensée en amont. Les organismes sont présents dans les comités des partenaires de toutes les agences et les directrices et directeurs des agences auront des échanges bilatéraux », poursuit-il. « Avec Carole Caranta, directrice déléguée à l’innovation et à la science d’INRAE, nous avions commencé à discuter avec les autres directions des ONR avant le lancement des agences pour identifier les zones d’interface et être bien vigilants », rapporte Philippe Mauguin.

« L’important est de bien s’assurer qu’au-delà des bonnes intentions, la fluidité demeure sur tel ou tel sujet. Nous ne sommes pas inquiets car il y a de nombreux canaux de communication entre nous », assure Thierry Doré. « Le dialogue sera essentiel mais tout le monde fait preuve de bonne volonté. »

Contribution d’INRAE aux autres agences de programme