Société et territoires 2 min

Ceux qui restent. Faire sa vie dans les campagnes en déclin

PARUTION - À partir d’une enquête immersive de plusieurs années dans la région Grand-Est, l’auteur plonge dans la vie quotidienne de jeunes femmes et hommes ouvriers, employés, chômeurs qui font la part belle à l’amitié et au travail, et qui accordent une importance particulière à l’entretien d’une « bonne réputation ».

Publié le 28 janvier 2020

illustration Ceux qui restent. Faire sa vie dans les campagnes en déclin
© INRAE

Qui sont ces hommes et ces femmes qui continuent d’habiter dans les campagnes en déclin ? Certains y fantasment le « vrai » peuple de la « France oubliée », d’autres y projettent leur dégoût des prétendus « beaufs » racistes et ignorants. Mais « ceux qui restent » se préoccupent peu de ces clichés éculés. Comment vit-on réellement dans des zones dont on ne parle d’ordinaire que pour leur vote Rassemblement national ou, plus récemment, à l’occasion du mouvement des Gilets jaunes ?
Parmi les nouvelles générations, ils sont nombreux à rejoindre les villes pour les études, puis il y a ceux qui restent, souvent parce qu’ils n’ont pas les ressources nécessaires pour partir. Ceux-là tiennent néanmoins à ce mode de vie rural et populaire dans lequel « tout le monde se connaît » et où ils peuvent être socialement reconnus. Comment perçoivent-ils alors la société qui les entoure ? À qui se sentent-ils opposés ou alliés ?
À rebours des idées reçues, ce livre montre comment, malgré la lente disparition des services publics, des usines, des associations et des cafés, malgré le chômage qui sévit, des consciences collectives persistent, mais sous des formes fragilisées et conflictuelles. L’enquête de Benoît Coquard en restitue la complexité.

L'auteur, Benoît Coquard, est sociologue à INRAE. Il travaille depuis plusieurs années sur les milieux ruraux et sur les classes populaires.

Ceux qui restent
Faire sa vie dans les campagnes en déclin

Editions La Découverte - 216 pages, octobre 2019 – 19 euros

 

Benoît Coquart présentait son ouvrage lors du forum Vivre Ensemble @Vivre_Ensemble organisé par Ouest-France. A revoir en vidéo :

Extraits

Ce livre entend expliquer le violent triage d’une génération en mettant la focale sur les manières de se fréquenter, de se lier d’amitié ou de fonder un couple, mais aussi vivre dans un sentiment de conflit permanent tout en cherchant à être reconnu par ses semblables. Si certaines personnes ont embrassé le mouvement des Gilets jaunes, c’est notamment parce qu’elles sont persuadées que leurs conditions d’existence se sont dégradées et que le style de vie auquel elles tiennent est menacé. Les Gilets jaunes, de ce point de vue, sont bien « ceux qui restent » ou plus exactement de ceux qui veulent rester faire leur vie dans les campagnes en déclin, contre le cours des choses et souvent dans une nostalgie d’une époque moins morose que nous aborderons dans un chapitre suivant. Celles et ceux qui ont arboré du fluo évoquent dans leurs conversations le vague « temps d’avant », des « anciens » qui auraient « mieux vécu » ou « savaient mieux vivre » dans ce même espace rural qui était alors plus dynamique. C’est qu’il n’y avait pas de problème de prix de l’essence, tout était à portée de vélo, y compris l’usine, l’épicerie et les services publics aujourd’hui démantelés...

Voir aussi l'article dans The Conversation

Frédérique ChabrolRédactrice

Le centre

Le département