illustration Sabine Fillinger, nouvelle directrice de BIOGER
© Frédéric Suffert

Agroécologie 4 min

Sabine Fillinger, nouvelle directrice de BIOGER

Cela fait près de 20 ans que Sabine Fillinger travaille à INRAE en tant que chercheuse. La microbiologiste spécialisée dans la génétique des champignons filamenteux prend la direction de l’unité mixte de recherche BIOGER (BIOlogie GEstion des Risques en agriculture) à Grignon après en avoir assuré la co-direction durant 5 ans. La nouvelle directrice souhaite mettre l’intelligence collective au cœur du projet de recherche sur la lutte contre les maladies fongiques des grandes cultures.

Publié le 12 février 2020

Des langues à la biologie

Sabine Fillinger débute son parcours universitaire en menant parallèlement des études en biologie et en langues à l’université de Cologne en Allemagne. Après son DEUG en biologie, elle rejoint l’Université Toulouse III Paul Sabatier afin d’étudier la biochimie. La science va finalement prendre le dessus sur les langues, elle poursuit ainsi ses études en France à Toulouse, puis à l’Université de Paris-Sud jusqu’au doctorat. 

C’est son stage de DEA qui éveille en elle l’envie de faire de la recherche et en particulier de découvrir « comment ça fonctionne ». Elle s’oriente vers la génétique et la physiologie des micro-organismes lors de ses deux post-docs, l’un à l’Inra de Grignon, l’autre à l’Institut Pasteur de Paris. Elle est recrutée en 2001 en tant que chargée de recherche à l’Inra sur le centre de Versailles pour travailler sur l’adaptation des champignons phytopathogènes aux molécules antifongiques. Elle s’engage en 2015 dans la direction de l’unité BIOGER au côté de Thierry Rouxel, son directeur. 

Cela va faire bientôt 20 ans que Sabine Fillinger est à INRAE. Elle explique cette fidélité à l’institut par le fait qu’elle puisse lier recherches fondamentale et finalisée. Elle apprécie également la méthode d’évaluation des chercheurs, bienveillante et souvent constructive, ainsi que la stratégie de recherche au sein des départements de recherche et de l’unité.

Etudier la résistance des champignons phytopathogènes

Sabine Fillinger travaille au sein de l’unité BIOGER depuis de nombreuses années. Localisée sur le campus d’AgroParisTech à Grignon, l’unité comprend une cinquantaine d’agents permanents (INRAE, AgroParisTech et CNRS) et une trentaine de non-permanents. L’unité travaille sur les champignons phytopathogènes, principalement des grandes cultures (blé, colza). Les équipes de recherche étudient les mécanismes d’interaction entre ces champignons et les plantes, ainsi que les mécanismes et dynamiques de leur adaptation à l’environnement biotique et abiotique. 

L’objectif est de développer des stratégies durables de gestion des maladies provoquées par ces champignons en « jouant » sur le déploiement des résistances variétales et des fongicides, mais aussi d’identifier de nouveaux leviers dans la lutte contre les maladies fongiques des grandes cultures. Les recherches visent ainsi à sécuriser la production alimentaire en France et au-delà tout en réduisant les traitements fongicides. L’objectif n’est pas la production sans intrants, mais garantir la santé des grandes cultures et la durabilité des moyens de luttes disponibles : résistances variétales et fongicides.

Sabine Fillinger, microbiologiste, plus particulièrement généticienne des champignons filamenteux, travaille sur les mécanismes moléculaires responsables de la résistance des champignons phytopathogènes aux fongicides. Après identification des mutations, elle étudie les mécanismes biochimiques ou mécanismes génétiques associés pour comprendre comment le champignon s’adapte à cette pression de sélection et quelles sont les conséquences sur sa physiologie. Depuis cinq ans la chercheuse a réduit son  activité de recherche, suite à son engagement dans la direction de l’unité, tout en continuant à étudier les mécanismes génétiques responsables de la résistance aux fongicides chez le pathogène majeur du blé, Zymoseptoria tritici. Elle travaille notamment sur un phénomène de résistance très préoccupant, la résistance multi-drogues (MDR) qui affecte la quasi-totalité des modes d’action disponibles contre cette maladie, quand ils sont utilisés à des doses réduites.

L’intelligence collective pour un projet scientifique

Sabine Fillinger a accepté la direction de l’unité BIOGER car comme elle le dit, cette unité c’est son  « berceau ». Elle y a travaillé pendant 13 ans en tant que chercheuse avant d’en prendre la co-direction, puis la direction. Elle connait bien ses collègues et se sent proche d’eux. C’était pour elle, chercheuse sénior, une suite logique.

Une unité de recherche est selon elle une entité fonctionnelle. C’est un ensemble qui permet aux équipes de mener leurs recherches. Quand il y a des projets transversaux et une animation transversale, c’est une unité scientifique avec un vrai projet collectif.

Sa prise de fonction en tant que directrice d’unité s’est particulièrement bien passée étant donné ses 5 années de co-direction au côté de Thierry Rouxel. Durant cette période, le binôme prend les décisions ensemble, ils se partagent les entretiens annuels et les réunions auxquelles ils sont conviés. Ce fonctionnement leur permet de se préserver plus de temps pour la recherche. Sabine Fillinger croit fermement dans l’intelligence collective et souhaite plus de prises de décisions collégiales et voudrait, pour le quinquennat à venir, associer le collectif à la plupart des décisions, entre autres via les chefs d’équipe. 

 



MINI-CV

Depuis 2020 Directrice d’unité UMR BIOGER, INRAE
2015-2019 Directrice d’unité adjointe UMR BIOGER, Inra
2013-2018 Animatrice de l’équipe AMAR (antifongiques, mode d’action et résistance)
2014 Directrice de Recherche Inra, UMR BIOGER, Inra
2007 Habilitation à Diriger des Recherches (HDR), Université Paris-Sud
2001-2013 Chargée de Recherche Inra, Unités Phytopharmacie & Médiateurs Chimiques, puis BIOGER (2007)
1998-2001 Postdoc « Rôle de polyols et de l’AMP cyclique dans la germination chez Aspergillus nidulans », Institut Pasteur, Paris
1996-1998 Postdoc « Analyse fonctionnelle systématique des gènes de Bacillus subtilis et métabolisme du carbone », Inra INA-PG, Grignon
1996 Doctorat en Génétique et Microbiologie, Université Paris-Sud
1992-1996 DEA et Thèse « Régulation de la transcription chez le champignon filamenteux Aspergillus nidulans », Université Paris-Sud
1989-1992 1er et 2ème cycles d’études en Biologie, Biochimie, Génétique et Microbiologie, Université de Cologne (Allemagne), Université de Toulouse III, Université Paris-Sud

 

Arnaud RidelRédacteur

Contacts

Sabine FILLINGER Directrice d'unitéBIOlogie GEstion des Risques en agriculture (BIOGER)

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