Agroécologie

Le roseau commun utilisé en litière pour les bovins : un capital naturel mobilisable pour l'élevage en zones humides

L'élevage bovin utilise des ressources végétales pour l'alimentation des animaux, mais aussi pour leur logement en bâtiments. L'unité expérimentale de Saint-Laurent-de-la-Prée, située en zone de marais, a expérimenté avec succès l'utilisation du roseau commun en alternative à la paille de céréales pour la litière des animaux. Le développement de roselières s'avèrerait intéressant dans les exploitations qui souhaitent ainsi préserver et valoriser les ressources naturelles locales.

Publié le 01 août 2022

illustration Le roseau commun utilisé en litière pour les bovins : un capital naturel mobilisable pour l'élevage en zones humides
© INRAE - B. Nicolas

Afin de cheminer vers des modes de production valorisant les potentialités écologiques, économiques et sociales du territoire, des ingénieures, ingénieurs et techniciens de la ferme expérimentale de Saint-Laurent-de-la-Prée ont travaillé sur une grande graminée, le roseau commun (Phragmites australis), comme alternative à la paille de céréales pour le logement des vaches allaitantes. Conduite dans le cadre d’un projet de « traque aux pratiques agricoles innovantes » financé par la région Nouvelle-Aquitaine, l'étude a permis de comparer des litières composées soit de roseau soit de paille de céréales, dans une stabulation libre paillée.

Les observations et les études socioéconomiques liées à l'usage du roseau ont confirmé que cette ressource répondait aux critères que les éleveurs prennent généralement en compte dans leurs choix de litières :

  • état de propreté des animaux logés sur le roseau identique à celui sur de la paille,
  • absence de pathologies provoquées par le roseau,
  • coût de revient du roseau compétitif par rapport à l’achat de paille, et ce, d’autant plus que la roselière est proche de la ferme,
  • aussi bonne facilité de paillage qu’avec de la paille,
  • valeur fertilisante identique des composts issus des deux types de fumiers.

Le roseau est donc substituable en totalité ou en partie à la paille de céréales. Il pourrait retrouver une place dans les exploitations de marais cherchant à mieux valoriser les ressources naturelles du milieu tout en les préservant. Les conditions de gestion de ce capital naturel que constituent les roselières sont cependant à prendre en compte, dans un souci de respect des cycles de la nature, pour appliquer, voire généraliser, cette pratique agroécologique.

Le succès de cette expérimentation a motivé l'implantation d'une roselière sur la ferme expérimentale pour contribuer à son autonomie en litières.

L’utilisation du Roseau commun en litière pour le logement des vaches allaitantes pdf - 6.39 MB

Références scientifiques

  • Durant D., Farruggia A., Tricheur A. (2021). Le roseau commun (Phragmites australis) : un capital naturel utilisé en litière pour le logement des vaches allaitantes. Biotechnol. Agron. Soc. Environ., 25(4), 223-235. https://doi.org/10.25518/1780-4507.19164
  • Durant D., Martel G., Chataigner F., et al. (2020). Comment évoluer vers davantage d’autonomie au sein des systèmes de polyculture-élevage ? : l’expérience d’une ferme expérimentale en marais. Fourrages, 241, 21-34.
  • Durant D., Farruggia A., Tricheur A. (2020). Utilization of common reed (Phragmites australis) as bedding for housed suckler cows: practical and economic aspects for farmers. Resources, 9, 140; doi:10.3390/resources9120140

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La démarche de transition agroécologique de la ferme expérimentale de Saint-Laurent-de-la-Prée

La ferme expérimentale INRAE de Saint-Laurent-de-la-Prée s'est engagée depuis 2009 dans une démarche de transition agroécologique. Cette évolution, conduite sous forme d'expérimentations,vise à concevoir pas à pas un système de polyculture-élevage bovin allaitant agroécologique, adapté aux contraintes du marais et qui souhaite rendre des services au territoire.

Les principaux changements opérés de 2009 à 2017 ont permis d'accroître l’autonomie alimentaire du troupeau (Durant et al., 2020), de réduire l’usage des intrants et de réaliser des aménagements parcellaires ou paysagers favorables à la biodiversité sauvage mais aussi à la biodiversité dite utile (ex. : auxiliaires de culture). La conversion à l'agriculture biologique en 2017 a ensuite cherché à concilier les objectifs de biodiversité, de qualité d’eau, de qualité des produits et de viabilité économique de la ferme. Cette transformation a été prototypée avec l’appui des techniciens de la FRAB, de la chambre d’agriculture de Charente-Maritime et des agriculteurs. Pour poursuivre son engagement, le collectif de recherche de la ferme teste une nouvelle démarche de conception collective innovante ciblant des services à rendre au territoire. Les premiers résultats de ces travaux sont prévus à l'horizon 2025.

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MOOC Bien-être des animaux d'élevage

Ce MOOC a été conçu par une équipe pédagogique regroupant des enseignants-chercheurs, des chercheurs et des vétérinaires spécialistes du bien-être des animaux d’élevage. Il est structuré en trois modules : "comprendre" qui pose les bases théoriques, "évaluer" qui propose des éléments utilisables sur le terrain, et "améliorer" qui présente quelques solutions.

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Isabelle Cousin : Le sol, de la motte au climat

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