Agroécologie Temps de lecture 3 min
REDUCE - Un projet pour réduire l’usage des pesticides en agriculture !
Le projet Réduction des hErbicides et Durabilité en agricUlture de Conservation en OccitaniE (REDUCE), porté par la Chambre Régionale d’Agriculture Occitanie en partenariat avec INRAE, les Chambres Départementales d’Agriculture de l’Aude, du Tarn et du Tarn-et-Garonne, le lycée agricole d’Auzeville et Arvalis, a pour objectif d’évaluer les performances de systèmes de culture soumis à la baisse jusqu’au non usage des pesticides et la réduction du travail du sol. L’expérimentation portera sur la gestion durable de la flore adventice qui demeure un verrou majeur dans les systèmes de grandes cultures et en particulier dans les systèmes sans labour.
Publié le 17 mai 2019

La gestion durable de la flore adventice représente une des difficultés majeures dans les systèmes en agriculture de conservation, le recours aux herbicides apparaissant comme souvent indispensable. Avec le retrait programmé du glyphosate, ces systèmes de culture, par ailleurs bénéfiques pour l’écosystème sol et préservant la ressource en eau des particules fines érodées, sont menacés.
Combiner les leviers pour gérer durablement la flore adventice
Pour répondre à cette problématique, le projet REDUCE évalue les performances multicritères de systèmes de culture articulés autour de deux gradients de rupture des pratiques agronomiques :
- la baisse de l’usage des pesticides (de -30 à -50 % en fonction des molécules et des systèmes), allant jusqu’à des systèmes sans pesticide ;
- la réduction du travail du sol pouvant conduire à des systèmes en semis direct.
Le dispositif rassemble trois « expérimentations systèmes de culture » (ESC) et trois « observatoires pilotés » (OP) localisés en Occitanie, coordonnés par des acteurs de la recherche (Inra), du développement agricole (Arvalis, chambres départementales d’agriculture) et de la formation (EPL d’Auzeville-Tolosane).
Ce projet permettra de dégager des combinaisons de leviers de gestion et de règles de décision permettant d’atteindre les objectifs de réduction d’usage des pesticides et de gestion durable de la flore adventice. Au travers d’essais conduits notamment en partenariat avec des agriculteurs du réseau DEPHY, des itinéraires techniques et règles de décision associées seront proposés pour gérer la destruction des cultures intermédiaires multiservices sans utilisation d’herbicides.
Le domaine expérimental grandes cultures* et l’unité de recherche AGroécologie, Innovation et TeRritoires (AGIR) mobilisés
Ce sont plusieurs leviers qui seront testés sur le domaine expérimental grandes cultures d’INRAE Occitanie-Toulouse pour réduire l’utilisation des herbicides.
La réalisation de faux semis (préparation du sol pour provoquer la levée des adventices suivi d’une destruction mécanique) et le décalage des semis des cultures, la couverture permanente et contrôlée du sol avec une implantation des cultures en semis direct, le choix des espèces de la rotation, l’utilisation de cultures intermédiaires multi-services, le désherbage mécanique superficiel ou la tonte des interrangs en cas de non travail du sol, le recours à des mélanges de cultures pour une occupation maximisée du sol, le travail sur l’architecture des cultures pour faciliter le désherbage mécanique.
L’unité de recherche AGIR, via son dispositif d’expérimentation « longue durée », va étudier la transition vers l’agriculture de conservation des sols sur deux systèmes de culture contrastés. Ces deux systèmes sont sans labour, sans glyphosate ni S-métolachore. Le premier est conduit en agriculture biologique (engrais organique et sans pesticide) et le second est conduit avec des techniques culturales simplifiées du travail du sol à bas niveau d’intrants (engrais et pesticides). La combinaison de ces différents leviers va être suivie et l’impact sur la stabilité des systèmes de culture va être étudié (gestion de l’enherbement, rendements, maladies et ravageurs).
Précédemment impliqué dans le programme DEPHY EXPE SYSTEM-Eco4, un travail d’analyse des relations entre pression et impacts liés aux pesticides a été initié et sera poursuivi dans REDUCE ; les parcelles étant équipées pour suivre les flux d’eau et de polluants dans le sol.
Impliquer les ingénieurs réseaux FERME, les agriculteurs et les étudiants
La valorisation des résultats de ce projet se fera auprès de différents publics cibles : les ingénieurs des réseaux DEPHY FERME du Sud-Ouest, d’ores et déjà impliqués dans la définition du projet et pour certains dans son pilotage, participeront à l’analyse transversale des résultats et à la production de ressources utilisables dans leurs réseaux. Les agriculteurs, également impliqués dans le pilotage de plusieurs des dispositifs du projet, seront sollicités au cours de journées techniques thématiques organisées sur les différents sites. Enfin les étudiants, en particulier ceux en formation BTS APV ou licence professionnelle à l’EPL d’Auzeville (futurs agriculteurs pour beaucoup) seront impliqués dans les différentes étapes du projet au travers de modules pédagogiques dédiés.
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D’une durée de 6 ans (2018-2024), REDUCE est lauréat de l’appel à projet « Expérimentation de systèmes agro-écologiques pour un usage des pesticides en ultime recours » du réseau DEPHY EXPE dans le cadre du plan Ecophyto 2. |
L’UE Grandes Cultures d’Auzeville du centre INRAE Occitanie-Toulouse a pour mission de mettre en place des expérimentations sur les grandes cultures pour les unités de recherche de l’Inra et les partenaires (GEVES, EPLEFPA Toulouse-Auzeville, Chambre d’agriculture, instituts techniques...). Son activité se structure autour d'essais "systèmes de culture" en grandes parcelles d’une part et d’essais en micro-parcelles pour l’évaluation variétale ou l’analyse fine de conduites innovantes (cultures associées, CIMS ...) d'autre part. Elle a un rôle majeur dans le développement du phénotypage haut-débit. |

Lien interne
L'agriculture de conservationDOSSIER - Le terme d’ « agriculture de conservation » a été créé par la FAO en 2001 lors du « First World Congress on Conservation Agriculture », à Madrid. Que cherche-t-’on à conserver ? Essentiellement la fertilité des sols agricoles, en les préservant contre les processus de dégradation qui peuvent les affecter, en particulier en luttant contre l’érosion.