Alimentation, santé globale Temps de lecture 3 min
Une seule santé. S’ouvrir à d’autres savoirs
One Health nous engage aujourd’hui à une réflexion sur l’intégration d’autres formes de savoirs en santé, notamment ceux issus des communautés locales. En s’appuyant sur ses terrains d’enquête situés en Asie, Nicolas Lainé montre que les savoirs locaux sont dynamiques et en constante recomposition. Un ouvrage de la collection Sciences en questions.
Publié le 14 janvier 2025

Plébiscitée depuis la pandémie du Covid-19 par les scientifiques et les politiques, l’initiative « Une seule santé » ou One Health souligne l’interdépendance entre santé humaine, santé animale et santé environnementale, et associe ces disciplines autour d’une même approche. La mise en pratique de One Health nous engage aujourd’hui à une réflexion sur l’intégration d’autres formes de savoirs en santé, notamment ceux issus des communautés locales.
En s’appuyant sur ses terrains d’enquête situés en Asie, Nicolas Lainé montre que les savoirs locaux sont dynamiques et en constante recomposition. Il souligne l’apport de certaines pratiques locales dans la prévention des risques sanitaires. Réduits à la fourniture d’informations ou de données, les détenteurs de ces « autres » savoirs sont souvent exclus du processus de production des connaissances. L’auteur propose au contraire d’intégrer toute la richesse et la complexité des rapports au vivant dans une mise en réseaux des savoirs locaux humains et non humains, en considérant toutes les parties prenantes comme des partenaires à part entière dans la recherche.
Partant des promesses et de la montée en puissance de One Health, cet ouvrage interroge plus largement ce qui fait science.
Nicolas Lainé est anthropologue, chargé de recherche à l’IRD au sein de l’UMR PALOC (IRD-MNHN-CNRS). Ses travaux portent sur les relations humain-animal, la santé et les savoirs locaux en Asie du Sud et du Sud-Est. Il interroge les liens complexes entre biodiversité-société-santé et propose une réflexion sur la coproduction de savoirs.

Pour aller plus loin
Sciences en questionsA travers des conférences et des publications, le groupe "Sciences en questions" invite les professionnels de la recherche à réfléchir à la manière dont l’activité scientifique se construit en incluant le contexte dans lequel elle se réalise.
Extrait

" La réflexion sur la décolonisation des savoirs en santé nécessite de sortir d’une sorte d’ethnocentrisme en faveur de la science moderne et de s’ouvrir à d’autres formes de connaissances. Une telle réflexion doit aboutir à une mise en commun de l’ensemble des connaissances disponibles qu’elles soient expertes, scientifiques ou profanes afin d’associer les différents modes d’appréhension de la maladie, sans a priori opérer de hiérarchisation entre différents régimes de savoirs. Parmi ces connaissances, je pense à celles détenues ou mobilisées quotidiennement par les populations locales, qui sont situées en première ligne des réservoirs zoonotiques.
Les alertes mondiales sur les nouvelles maladies infectieuses présentent d’ailleurs les communautés locales comme étant des sentinelles des zoonoses capables d’envoyer des signaux précoces de prévention face à un pathogène émergent. Encore faut-il qu’elles soient effectivement préparées à jouer ce rôle, ce qui n’a pas été le cas dans l’exemple du Laos. En Mongolie au contraire, les communautés d’éleveurs sont considérées comme de véritables acteurs capables d’anticipation et de gestion de crises, par exemple en matière de fièvre aphteuse chez le bétail (Ruhlmann, 2015)."

Pour aller plus loin
One health, une seule santéLe concept One Health, c’est penser la santé à l’interface entre celle des animaux, de l’Homme et de leur environnement, à l’échelle locale nationale et mondiale. Cette manière d’aborder la santé permet de raisonner l’ensemble du système et trouver des solutions qui répondent à la fois à des enjeux de santé et des enjeux environnementaux.