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Odile Hologne, ambassadrice d’une science ouverte
Odile Hologne, responsable de la Direction pour la science ouverte (DipSO) d’INRAE, est animée depuis le début de sa carrière par la volonté de diffuser les connaissances au sein et en dehors de la sphère scientifique. Les moyens pour y parvenir ? Les nouvelles technologies de l’information…et une grande force de conviction !
Publié le 19 décembre 2019
Dépasser les frontières et innover, tel est le fil conducteur du parcours d’Odile Hologne. Que ce soit aux commandes d’un ULM, aux manettes d’un parapente, au guidon de sa moto, ou dans sa vie professionnelle, Odile Hologne aime prendre des risques : « j’aime bien les défis, c’est une façon d’apprendre et de se remettre en question en explorant de nouveaux horizons ». Ce goût du challenge, c’est peut-être ce qui l’a conduite à mener de front des projets de grande ampleur, entraînant avec elle des collectifs de travail à force de motivation et de conviction.
Très tôt, innover avec les technologies de l’information
Mobiliser les nouvelles technologies au service de la diffusion des connaissances
C’est l’envie de reprendre la ferme familiale qui l’a guidée vers des études agricoles, au lycée puis en école d’ingénieur en agronomie. Après s’être intéressée aux aspects techniques de l’agriculture, elle s’est orientée vers l’économie et l’informatique. Une vocation est née : mobiliser les nouvelles technologies au service de la diffusion des connaissances ! Mise en pratique avec une première expérience en 1988 au CNERTA (Centre national d’études et de ressources en technologies avancées) dont la mission était de développer l’usage des nouvelles technologies dans l’enseignement agricole. Elle y développe des systèmes experts multimédia et des outils pédagogiques innovants mobilisant l’informatique à une époque où ces technologies étaient à leurs débuts. « C’est une orientation que l’on retrouve tout au long de ma carrière : informatique, gestion et diffusion de connaissance et innover dans ce que l’on fait ».
Accompagner l’information scientifique et technique en mutation
Après 3 ans au service informatique du Cemagref (organisme de recherche devenu Irstea par la suite) pour piloter le schéma directeur informatique et participer à la mise en place d’un nouveau système de gestion financière, Odile Hologne devient, en 1999, cheffe du service de l’information scientifique et technique (IST) du Cemagref où elle retrouve l’univers qui lui plaît tant : « il y avait des activités autour de l’édition, de la documentation, avec une dimension nouvelles technologies et développement de produits éditoriaux innovants »…Et puis déjà l’envie de dépasser les frontières et d’innover en créant les éditions Quae. Le défi ? Rassembler les activités d’édition de quatre organismes de recherche : Cirad – Ifremer – Inra – Cemagref et entraîner les personnels dans cette nouvelle aventure : « j’apprécie dans le travail d’avoir des marges de manœuvre créatives et d’être moteur pour inciter les collègues à sortir de leurs habitudes professionnelles ».
Partager les connaissances à l’heure du numérique
Suivre un processus de confortation de l’idée, d’expérimentation, d’apprentissage
En 2004, Odile Hologne rejoint l’Inra en tant que déléguée à l’IST. Son nouveau challenge est d’accompagner un réseau de 200 documentalistes dont le métier était en total refonte du fait du développement du numérique. La documentation est passée de la gestion de revues scientifiques en bibliothèque à des revues en ligne où le chercheur devient autonome pour réaliser sa bibliographie : « c’était une véritable transformation des modalités d’accès et de diffusion des connaissances ». Pour accompagner cette évolution, Odile Hologne propose une vision, définit des orientations, reste en veille sur ce qui se fait à l’extérieur de l’Inra dans ce domaine, et se place à l’écoute des personnes en interne pour les mobiliser, travailler ensemble, évoluer, proposer de nouveaux services : « j’avais à la fois un rôle de trait d’union entre des personnes, des technologies, des besoins et un rôle d’entrainement des collectifs ». Sa clé pour réussir ? S’entourer d’experts ! Sa méthode ? Ecouter ses intuitions et suivre un processus de confortation de l’idée, d’expérimentation, d’apprentissage et de déploiement si le projet répond aux attentes.
Ouvrir la science
Se développe, en parallèle des nouveaux outils numériques pour partager et analyser l’information, le mouvement de l’open science qui révolutionne – encore une fois – les métiers de l’IST et plus globalement les métiers de la recherche. La volonté est d’ouvrir la science en donnant accès à tous aux publications ainsi qu’aux données scientifiques pour qu’elles soient réutilisables par d’autres. Un mouvement dans lequel Odile Hologne s’inscrit totalement : « rendre nos résultats accessibles et réutilisables, c’est le meilleur moyen de faire progresser les connaissances ». Avant d’ajouter : « Mais ce n’est pas parce que l’on rend les résultats accessibles qu’ils sont appropriés par les citoyens, les approches de recherches participatives sont un moyen de les impliquer plus. » Aujourd’hui, elle souhaite encore dépasser les cadres et innover en réunissant dans une même direction au sein d’INRAE, la DipSO, Direction pour la science ouverte, des activités qui mêlent la diffusion des connaissances, la relation Science - Société et le numérique. Un nouveau projet ambitieux, une sorte de « mise en danger » selon ses mots, qui fait écho à une citation de Mark Twain dans laquelle elle se retrouve bien : « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait ».
Au 1er janvier 2020, dans le cadre de la fusion entre l’Inra et Irstea, Odile Hologne devient responsable de la Direction pour la science ouverte (DipSO) créée à INRAE pour répondre aux enjeux liées à l’ouverture de la recherche et au développement du numérique. Pour Odile Hologne la science ouverte recouvre des domaines plus larges que l’open access : « cela va de l’ouverture du processus de recherche à de nouveaux acteurs, y compris les citoyens, à l’accessibilité de diverses productions : publications, données, logiciels, dans la perspective de les rendre réutilisables par d’autres. » Mais ceci implique des changements dans nos façons de faire de la recherche : « on pourrait par exemple imaginer que les scientifiques aillent chercher des données comme ils font de la biblio ». Le développement du numérique impacte également la façon de travailler des chercheurs, dans les méthodes utilisées pour analyser des masses de données toujours plus grandes, mais aussi dans leurs collaborations avec d’autres chercheurs…et avec les citoyens. De nouvelles approches qui impliquent un accompagnement aussi bien des scientifiques que des réseaux métiers de l’IST, du numérique et des sciences participatives. « Les objectifs sont de faire le lien entre différentes expertises, proposer des nouveaux services, innover, faire autrement et faire adhérer tout un collectif à cela ». « INRAE peut d’ailleurs s’appuyer sur de bonnes dynamiques dans les réseaux métiers » salue Odile Hologne avant d’ajouter avec enthousiasme : « INRAE permet de prendre des initiatives et monter des projets innovants, c’est un institut qui offre des espaces de liberté tout en donnant le sentiment de servir un collectif de travail qui œuvre pour répondre à des enjeux de société importants ».
Mini CV 55 ans, mariée, 1 enfant Ingénieur général des ponts des eaux et des forêts en détachement à INRAE Parcours |