Société et territoires 3 min

Un objet de recherche majeur pour l’agronomie

François Houllier, PDG de l’Inra, a souhaité accompagner la publication du 7e avis du Comité d’éthique Inra-Cirad « sur le bien-être des animaux d’élevage » de quelques compléments et précisions qui dessinent l’avenir de ces recommandations.

Publié le 08 octobre 2015

illustration  Un objet de recherche majeur pour l’agronomie
© INRAE

Comité d’éthique Inra-Cirad - Message du Président de l’Inra

Suite à la réflexion qu’il avait engagée de sa propre initiative, le Comité d’éthique commun de la recherche agronomique vient d’adopter un avis sur le bien-être des animaux d’élevage. Faisant écho à l’évolution récente du Code civil qui reconnaît désormais les animaux comme « des êtres vivants doués de sensibilité », l’avis considère le bien-être animal comme une valeur en soi et dans ce contexte, souligne que ce thème est un objet de recherche majeur pour la recherche agronomique et constitue un des paramètres des systèmes d’élevage, et l’une de ses finalités. Comme il est d’usage, l’avis se termine par des recommandations.

3 départements de recherche et 2 métaprogrammes investis

L’investissement de recherche de l’Inra sur la thématique du bien-être des animaux de rente est ancien. Explicitement inscrite dans le document d’orientation 2010-2020, cette thématique se décline dans les orientations prioritaires des trois départements traitant de l’animal — Génétique animale (GA), Physiologie animale et systèmes d’élevage (Phase) et Santé animale (SA) —, ainsi que dans les départements Sciences pour l’action et le développement (SAD) et Sciences sociales, agriculture et alimentation, espace et environnement (SAE2), et de deux des huit métaprogrammes, « Gestion intégrée de la santé animale » (Gisa) et « Sélection génomique » (SelGen). Le bien-être animal y est appréhendé selon une acception positive qui va au-delà de l’absence de souffrances et de douleurs, avec la prise en compte des dimensions relatives aux comportements des animaux et aux relations entre l’homme et l’animal. Il y est également considéré comme une composante à part entière de l’ensemble des performances des systèmes d’élevage. L’avis du comité d’éthique nous incite à poursuivre les recherches selon cette double perspective.

Un réseau pluridisciplinaire dédié

Les recherches de l’Inra sur le bien-être animal trouvent un prolongement européen via la coordination de programmes européens ou de l’ERA-net « Animal Health and Welfare » (ANIHWA). Les partenaires professionnels nationaux sont également associés aux réflexions et aux travaux, en particulier dans le cadre du groupement d’intérêt scientifique « Élevages demain » et du réseau mixte technologique « Bien-être animal et systèmes d’élevage ». En pratique, la communauté française de recherche, développement et formation est aujourd’hui structurée et animée via le réseau pluridisciplinaire « Agri bien-être animal » (AgriBEA). Ce réseau est coordonné par des scientifiques de l’Institut. Il compte environ 170 membres, dont la moitié appartiennent à l’Inra.
La richesse des recherches et la complétude du dispositif ont ainsi conduit l’INRA à proposer au ministère en charge de l’agriculture que l’Institut soit Centre National de Ressources (CNR) sur le bien-être animal, dans le double contexte de la Loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt (2014) et de la déclinaison nationale de la stratégie européenne pour la protection et le bien-être des animaux (2012).

Ces recommandations réaffirment le bien-fondé de notre stratégie

Fort de ces acquis et de cette dynamique, l’Inra fera siennes les recommandations du Comité d’éthique, ceci d’autant plus facilement que celles-ci correspondent, de façon générale, à une réaffirmation du bien-fondé de la stratégie de l’Institut. Les recherches relatives aux systèmes d’élevage (R2) et à l’amélioration génétique des animaux d’élevage (R3) tiennent d’ores et déjà compte du fait que le bien-être est à la fois une finalité de l’élevage et un objectif majeur de sélection. C’est notamment via le réseau AgriBEA, et demain le statut de CNR sur le bien-être des animaux, que seront renforcés la pluridisciplinarité (R4), les liens avec les professionnels du monde de l’élevage (R5) et la société civile (R6), ainsi que les actions de formation (R8) ou les partenariats européens, y compris dans la dimension d’appui à l’élaboration de normes et de réglementations (R9). Au titre de cette dernière recommandation, mentionnons que l’expertise scientifique collective sur les douleurs animales de décembre 2009 trouve aujourd’hui un prolongement européen sous la forme d’un nouvel exercice centré sur la conscience animale et commandité par l’Agence européenne de sécurité alimentaire (EFSA).

Aller plus loin que la charte sanitaire de 2013

Dans ses installations expérimentales, l’Inra s’attache à mettre en œuvre des pratiques conformes à la réglementation, aux règles sanitaires et au bien-être des animaux. C’est au titre de ces principes que l’Institut s’est doté, en 2013, d’une charte sanitaire des dispositifs expérimentaux animaux. Le Comité d’éthique nous invite à aller plus loin dans ce domaine (R7), en étant exemplaire et en tirant pleinement parti des résultats des recherches que nous menons. C’est une recommandation que nous examinerons avec l’ensemble de la communauté scientifique et technique concernée, et qui pourra se traduire par la définition d’une charte du bien-être animal à l’Inra. Cette réflexion associera naturellement nos partenaires professionnels et associatifs.

Consulter l'avis complet

François HoullierPDG de l’Inra entre 2012 et 2016

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