L'introduction précoce d’un aliment solide dans l’alimentation des lapins modifie la dynamique d'établissement de leur microbiote intestinal

Chez les mammifères, la transition alimentaire induite par le passage du lait maternel à une alimentation solide conduit à un profond remodelage de la composition du microbiote intestinal, principalement caractérisé par une augmentation de la diversité et un déclin de certaines bactéries au profit d’autres, mieux adaptées au nouvel environnement. Ces modifications du microbiote contribuent à la construction des fonctionnalités de l’intestin.

Actuellement, ces mécanismes de régulation microbienne, en lien avec le développement intestinal, ne sont pas pleinement compris.
Les chercheurs de l’unité GenPhySE ont ainsi étudié les effets du premier aliment solide proposé aux lapereaux allaités sur la trajectoire à long terme de leur microbiote et les effets de sa composition sur le développement de l’intestin.

Des aliments solides ont ainsi été offerts à des lapins allaités à deux âges différents : 3 ou 15 jours.
En parallèle, le type d'alimentation distribué tout au long de la vie de l’animal a différé en termes de contenu glucidique : l’aliment contenait soit une proportion élevée de fibres rapidement fermentescibles, soit une proportion élevée d’amidon. Ces aliments ont d’abord été proposés sous forme de gels hydratés les premiers jours, pour les lots de lapins les recevant à partir de 3 jours d’âge, afin de faciliter leur ingestion. L’aliment a ensuite été distribué sous forme de granulés durant le reste de l’expérimentation, comme en condition d’élevage commercial.

Le résultat principal de cette étude est que l'accès à la nourriture solide dès l'âge de 3 jours a provoqué une accélération de la maturation du microbiote intestinal.
Les effets observés diffèrent cependant selon le segment de l’intestin : l'ingestion précoce d'aliments solides a influencé dans une plus large mesure le développement des communautés bactériennes de l'appendice vermiforme*, tandis que la teneur en amidon et fibres rapidement fermentescibles de l’aliment ingéré au cours de la vie a eu des effets plus marqués sur le microbiote cæcal. L'expression de gènes marqueurs de fonctionnalités intestinales, les dosages d'anticorps sanguins et intestinaux ainsi que les performances zootechniques ont été modérément affectés par les traitements expérimentaux, ce qui suggère que les modulations observées du microbiome ont peu de conséquences sur les sujets sains.

En conclusion, ce travail a montré que le moment de l'introduction de l'alimentation solide et les caractéristiques des ingrédients sont deux leviers possibles pour moduler l'implantation et les fonctionnalités du microbiote intestinal.

* cet organe contient des cellules immunitaires utiles pour la coordination de la réponse intestinale aux attaques de microorganismes pathogènes ; il peut ainsi contribuer au maintien des équilibres du microbiote intestinal.