Alimentation, santé globale 3 min

Diplomatie scientifique et santé des plantes

Comment nourrir 9,7 milliards d’individus en 2050 sur notre planète ? La question cruciale de la sécurité alimentaire se heurte à plusieurs difficultés telles que le changement climatique, la dégradation des sols, les maladies et ravageurs de cultures mais également nos habitudes alimentaires. Afin de préparer nos pays aux futures crises sanitaires, un réseau mondial de coordination de la recherche permettrait de développer des collaborations interdisciplinaires transfrontalières efficaces.

Publié le 11 août 2020

illustration Diplomatie scientifique et santé des plantes
© INRAE

La sécurité alimentaire mondiale est l'un des défis majeurs du 21e siècle. Face à cet enjeu, il est nécessaire de considérer la situation dans toute sa complexité : la population humaine est en constante augmentation et nos habitudes alimentaires évoluent. L’agriculture du futur devra produire sur des terres dégradées en utilisant des variétés de plantes cultivées dont le rendement est difficilement améliorable. L’agriculture devra de plus s’adapter au changement climatique, à la perte de biodiversité et aux dégâts provoqués par les ravageurs et maladies des cultures. La lutte contre les ravageurs est aussi ancienne que l’agriculture mais les invasions biologiques, largement imputables aux activités humaines, créent une nouvelle situation avec de multiples émergences survenant à un rythme accéléré dans un contexte climatique incertain.

Dans un article récent (Giovani et al. 2020), un consortium international de scientifiques regroupant 28 institutions dont INRAE analyse la situation phytosanitaire mondiale et jette les bases d’un futur réseau international de coordination des recherches dans ce domaine. Un tel réseau faciliterait les partenariats efficaces entre pays pour une meilleure circulation de l’information phytosanitaire et améliorerait la préparation des pays aux crises sanitaires à venir. Si la science fournit des connaissances fondamentales et des solutions concrètes, elle peut aussi construire des liens entre les communautés nationales et internationales : la diplomatie scientifique permet de relever des défis qui ne peuvent être entièrement traités à l’échelle nationale.

Un réseau mondial de coordination de la recherche pourrait accélérer le développement de la science, ce qui profiterait à toutes les parties prenantes et notamment aux gestionnaires de la santé des plantes. Une collaboration plus étroite briserait l'isolement national et réduirait les frontières disciplinaires qui ont traditionnellement dominé le secteur phytosanitaire. Les premières étapes de la mise en place d’un réseau mondial doivent permettre de cartographier les réseaux nationaux et internationaux existants afin d’en comprendre les objectifs et leur portée ; évaluer leur impact pour rationaliser et prioriser l'engagement et l'investissement des différents acteurs, et enfin travailler sur la manière de regrouper les initiatives pertinentes. 

Le défi est de taille, mais la diplomatie scientifique est l'approche la plus intelligente pour construire un partenariat international en engageant les gouvernements à tous les niveaux, en créant des synergies et en favorisant des actions internationales ayant un impact fort sur la compréhension et la gestion des problèmes phytosanitaires.
 

Références

Giovani, B., Blümel, S., Lopian, R. et al. Science diplomacy for plant health. Nat. Plants 6, 902–905 (2020). https://doi.org/10.1038/s41477-020-0744-x

Nature Plants publishes a new paper on Science diplomacy for plant health (IPPC, 11 Aug 2020)
https://www.ippc.int/en/news/nature-plants-publishes-a-new-paper-on-science-diplomacy-for-plant-health/