Agroécologie 2 min

La betterave sucrière L’innovation compétitive

La filière betterave a bénéficié en France du Programme d’investissements d’avenir « AKER - Betterave 2020, l’innovation compétitive », qui a pour ambition de doubler le rythme de croissance annuelle du rendement en sucre par hectare de la betterave. Coordonné par INRAE, ITB et Florimond Desprez, et après huit années de travaux pluridisciplinaires rassemblant une centaine de collaborateurs, cet ouvrage fait la synthèse des méthodes et résultats obtenus pour la filière de demain.

Publié le 18 septembre 2020

illustration La betterave sucrière L’innovation compétitive
© INRAE

Le saviez vous ? Si la consommation de sucre est mature en Europe, la consommation mondiale progresse de 1,2 à 1,5 % par an. D’ici à 2030, le monde aura besoin de 30 Mt de sucre supplémentaires : l’équivalent de la production actuelle du Brésil ou de l’Inde. La France a un rôle à jouer sur les marchés européens et internationaux.

La betterave sucrière est entrée dans l’ère du libéralisme avec la suppression des quotas de production en Europe. Elle se retrouve de plain-pied sur le marché mondial en concurrence avec la canne à sucre. Le programme AKER constitue une rupture scientifique en allant rechercher toute la diversité génétique disponible au niveau mondial, et en pratiquant le génotypage avant le phénotypage. Il met au point du matériel génétique nouveau, disponible pour être introduit dans les futures variétés de betteraves. Il offre également des outils et des méthodes innovantes dans les domaines du génotypage et du phénotypage, accompagnant les acteurs de la filière - betteraviers et sucriers - dans leur impérative amélioration de la compétitivité.

Le programme AKER positionne pour longtemps la betterave dans le peloton de tête des espèces cultivées et contribue à fournir au consommateur un sucre de qualité produit localement et dans des conditions respectueuses de l’environnement.

Coordination éditoriale

Christian Huyghe, directeur scientifique Agriculture INRAE et chef de projet AKER. Il a une longue expérience dans le pilotage des projets de recherche, l’enregistrement des variétés et la réglementation des semences. Il est notamment président du GEVES et du comité scientifique du Comité technique permanent de la sélection (CTPS).

Bruno Desprez, président de Florimond Desprez Veuve & Fils et président du Comité de coordination du programme AKER. Ingénieur agronome, docteur ès sciences, il est responsable de la recherche au sein du semencier Florimond Desprez.

Vincent Laudinat, directeur général de l’Institut technique de la betterave (ITB) et président du Comité interprofessionnel du programme AKER. Il pilote le département Recherche et développement de la filière betterave au service des betteraviers et des sucriers.

Préface de Didier Guillaume

Editions Quae – 152 pages, septembre 2020 – 25 euros

EXTRAITS

Le programme AKER correspond à un changement de paradigme dans le domaine de la recherche et de la sélection betteravière, sous-tendu par deux affirmations : AKER fait de la prédiction ; et il gère la variabilité génétique.

On ne fait plus de la sélection a posteriori, mais a priori. Dans le déroulement du programme, le génotypage est effectivement arrivé avant le phénotypage. Auparavant, on évaluait les plantes au champ et on s’aidait ensuite de la génétique. À présent, on commence par utiliser la génétique, et on évalue ses résultats a posteriori. Cela conduit à faire de la prédiction en travaillant sur des modèles. D’où l’importance de la bio-informatique, discipline incontournable dans AKER.

Le programme gère la variabilité en allant rechercher la diversité à travers les 10 000 ressources génétiques disponibles, pour aboutir au choix des seize plantes de référence représentatives de cette diversité. La démarche consiste à rechercher, incorporer, organiser, valoriser la variabilité, à faire en sorte qu’elle soit toujours disponible pour réagir et faire face à de nouvelles contraintes.

En réalité, il s’agit de maintenir la diversité dans une vision dynamique et durable de son utilisation. Cette démarche s’effectue en déployant toutes les techniques modernes mises à disposition des chercheurs. Le programme AKER offre ainsi un potentiel de diversités : celles qui sont utiles dès à présent et celles qui sont neutres, voire avec un coût métabolique, mais qui pourront être utiles plus tard afin de répondre à de nouvelles questions qui ne manqueront pas de se poser, comme les résistances à certains bioagresseurs.

(...)

Demain, il faudra répondre à des objectifs nouveaux (apparition d’une nouvelle maladie, nouveau cadre réglementaire, nouveaux débouchés, etc.) en le moins de temps possible. L’objectif du programme AKER est de diminuer par deux ce temps de « réactivité ». D’une part, AKER a bénéficié de techniques permettant d’aller plus vite dans la sélection. Ainsi, la technique « graine à graine », prônant un cycle court en conditions hors-sol contrôlées sous serre (vernalisation, induction, croisements), a permis de déployer le programme de sélection en cinq ans au lieu de dix ans. D’autre part, AKER offre lui-même les moyens de raccourcir les schémas de sélection, notamment avec la sélection génomique qui devrait permettre de réduire le cycle de sélection d’une année sur les cinq actuellement nécessaires, soit 20 %, pour obtenir une nouvelle variété.

 

 

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