Biodiversité 2 min

Apprendre à butiner est une activité risquée pour l’abeille domestique

Des chercheurs INRAE en collaboration avec le CNRS analysent, grâce à des systèmes de détection, la mortalité naturelle des abeilles domestiques afin de mieux comprendre les risques de mortalité dus à leur environnement telles la pollution, les maladies ou bien la prédation. Les résultats de cette étude parue dans la revue Royal Society Open Science le 11 novembre 2020 montrent que la phase d’apprentissage pour devenir butineuse est très risquée et correspond à des pertes importantes. Par la suite, la mortalité chez les butineuses est relativement constante.

Publié le 26 novembre 2020

illustration Apprendre à butiner est une activité risquée pour l’abeille domestique
© INRAE

Mortalité intrinsèque et extrinsèque

La durée de vie des organismes est dépendante des pressions intrinsèques et extrinsèques agissant séparément ou en interaction les unes avec les autres. Alors que le risque de mortalité intrinsèque est dû au vieillissement (dégradation physique et fonctionnelle du corps), les risques de mortalité extrinsèque sont liés aux risques environnementaux (pollution, parasites, climat, prédation…).

Au cours des dernières décennies, les pressions extrinsèques ont considérablement augmenté pour de nombreux organismes en raison de l'altération des écosystèmes. Cela est particulièrement vrai pour les insectes pollinisateurs, y compris l'abeille mellifère (Apis mellifera), souvent utilisée comme espèce modèle pour l'évaluation des risques liés aux pesticides, mais aussi pour étudier les conséquences de la diminution des ressources disponibles et du changement climatique. Dans ce contexte, il est essentiel de mieux caractériser les risques de mortalité naturelles (intrinsèques) afin de mieux interpréter les résultats des études d'évaluation des risques (extrinsèques). 

Jusqu’à 40 % de mortalité chez les butineuses en phase d’apprentissage 

Les chercheurs ont utilisé des outils de détection des abeilles à l’entrée de la ruche afin de mesurer en continu et en temps réel leurs activités de vol. Deux jeux de données ont été analysés : l’un provenant d’un système de détection RFID (identification par radiofréquences) utilisé dans la Zone Atelier Plaine et Val de Sèvre près de Niort et un second provenant de compteurs optiques développés à Avignon. Malgré des différences dans les systèmes de détection, les zones géographiques, les climats et les années d’enregistrement, les résultats se sont avérés très cohérents. 

Il est apparu que la durée de vie des abeilles est très flexible. Si la phase d’apprentissage pour devenir butineuse est très risquée avec beaucoup de pertes d’abeilles (jusqu’à 40 %), elle est très importante pour maximiser la longévité et les performances de butinage des abeilles. Par la suite, les risques de mortalité chez les butineuses sont assez constants avec des taux de perte de 9 % et 36 % par heure et jour de butinage, respectivement. Ces données seront utiles pour distinguer les taux de pertes normaux et les taux de pertes anormaux lors de l’évaluation du risque présenté par diverses pressions environnementales.

Référence :
Prado Alberto, Requier Fabrice, Crauser Didier, Le Conte Yves, Bretagnolle Vincent and Alaux Cédric 2020. Honeybee lifespan: the critical role of pre-foraging stage, R. Soc. open sci. 7:200998
http://doi.org/10.1098/rsos.200998

Cédric ALAUXRédacteur

Arnaud RIDELRédacteur

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Cédric ALAUX ChercheurAbeilles et Environnement

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