Agroécologie 3 min

1970-2016 / Des chercheurs au cœur des maladies du bois depuis plus de 40 ans

Au début des années 1970, l’Inra Bordeaux-Aquitaine a initié des travaux scientifiques sur les maladies du bois de la vigne. La lutte contre ces maladies représente un immense défi pour les chercheurs compte tenu des lourdes pertes de rendement qu’elles induisent dans les vignobles. Avec l’expansion de ces maladies, l’investissement de l’Inra sur cette thématique de recherche n’a cessé de se renforcer.

Publié le 26 juillet 2016

illustration  1970-2016 / Des chercheurs au cœur des maladies du bois depuis plus de 40 ans
© INRAE - A. Girard

À partir des années 1970, suite au développement très important d’une maladie du bois, l’eutypiose, dans les vignobles, la Station INRA de Pathologie de Bordeaux a initié les premières études françaises sur la lutte contre les maladies du bois et de la vigne (MDB). Dans les années 80 et 90, une équipe dirigée par Bernadette Dubos, assistée de Jean Roudet et accueillant Dominique Blancard puis Philippe Larignon - devenus des références en mycologie sur ces maladies - a identifié le complexe de champignons pathogènes impliqué dans les MDB - dont l’esca qui allait prendre une ampleur considérable dans les années 2000. Chaque agent fongique, avec son arsenal enzymatique, a été associé à un type de nécrose formée dans le bois. Ces travaux pionniers ont eu un impact significatif sur la connaissance des MDB dans le monde.

Suite à la recrudescence de l’esca à partir des années 1990, Bernadette Dubos avait, dès 1996, annoncé : « L’histoire de la viticulture de la fin de ce siècle sera marquée par le développement des maladies de dépérissement des espèces ligneuses… ». Elle avait vu juste. Aujourd’hui, depuis l’interdiction en 2001 de l’arsénite de soude qui était la seule molécule capable de contenir  l’esca, la profession viticole n’a plus aucun moyen de freiner sa progression notamment dans les parcelles qui y sont très sensibles.  En réponse à cet immense défi, l’investissement de l’Unité mixte de recherche Santé et agroécologie du vignoble (UMR SAVE) n’a cessé de se consolider. Deux postes d’ingénieurs Inra, Pascal Lecomte (1996) et Gwénaëlle Comont (2003) et d’enseignants-chercheurs à Bordeaux Sciences Agro, Lucia Guérin-Dubrana (2003) et Patrice Rey (2007), ont été créés. L’UMR s’est alors résolument impliquée dans les projets qui ont structuré la recherche en France sur les MDB depuis la fin des années 2000 (ex. : Casdar/CNIV, FUI).

 

En 2014, les pertes de rendement du vignoble français ont été estimées à 1 milliard d’euros ou 4,6 Hl/Ha. Elles sont imputées au phénomène dit de « dépérissement » du vignoble (maladies et stratégies ou contraintes d’exploitation) selon le CNIV et France-Agrimer qui ont mis en place un plan national pour répondre à cette problématique. Les maladies du bois de la vigne (MDB), qui représentent aujourd’hui la préoccupation première des viticulteurs, sont en grande partie responsables de cette baisse de rendement.

Actuellement, des travaux de recherches sont menés en épidémiologie, sur les pratiques culturales (ex. : taille, greffage), sur les relations entre la plante et les agents pathogènes, le biocontrôle (ex : micro-organismes, Stimulateur des défenses des plantes - SDP). Récemment l’UMR SAVE, en partenariat avec la Maison Hennessy, a été lauréate d’un projet de Chaire industrielle sur les MDB. L’objectif de ce projet regroupant plusieurs partenaires français et étrangers est de proposer à la profession viticole des solutions de gestion à court (ex. : mode de taille, curetage) et moyen terme (ex. : biocontrôle, lien entre itinéraires vertueux et microflore bénéfique) du vignoble pour limiter au maximum le développement des MDB.

 

Références scientifiques

Bruez E, Vallance J, Gerbore J, Lecomte P, Da Costa JP, Guerin-Dubrana L, Rey P (2014) Analyses of the temporal dynamics of fungal communities colonizing the healthy wood tissues of esca leaf-symptomatic and asymptomatic vines. Plos One, 9(5) e95928 doi:10.1371/journal.pone.009592

Lecomte P, Darrieutort G, Liminana J-M, Comont G, Muruamendiaraz A, Legorburu F-J, Choueiri E, Jreijiri F, El Amil R, Fermaud M (2012) New insights into Esca of grapevine: the development of foliar symptoms and their association with xylem discoloration. Plant Disease, 96, 924-934
Lecomte P., Darrieutort G., Pieri P., Rey P. and M. Fermaud (2012) L’Esca en France: progression, causes probables et symptômes. AFPP, 10° Conférence Internationale sur les maladies des Plantes, 3-5 décembre 2012, Tours, France. ISBN 978-2-905550-30-9: 391-402

Yacoub A, Gerbore J, Magnin N, Chambon P, Dufour MC, Corio-Costet MF, Guyoneaud R, Rey P (2016) Ability of Pythium oligandrum strains to protect Vitis vinifera L., by inducing plant resistance against Phaeomoniella chlamydospora, a pathogen involved in Esca, a grapevine trunk disease. Biological Control, 92 (1) 7-16

 

Communication Nouvelle-Aquitaine Bordeaux

Contacts

Pascal Lecomte / Patrice Rey / Denis Thiery Unité mixte de recherche "Santé et Agroécologie du Vignoble " (SAVE) INRAE-Bordeaux Sciences Agro

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