illustration Florence Creusé, discrète attaquante
© INRAE, Sylvia Marion

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Florence Creusé, discrète attaquante

Gestionnaire des marchés de travaux à l’Inra Pays de la Loire, Florence est en charge de chantiers à plusieurs millions d’euros. Une responsabilité qui ne fait pas peur à cette footballeuse émérite.

Publié le 07 mars 2019

L'image d’Epinal d’un responsable de chantier évoque généralement un homme coiffé d’un casque avec des plans sous le bras. Florence Creusé n’est pas un homme et se promène plutôt avec des contrats de maîtrise d’œuvre et de travaux dans sa serviette. « Je collabore avec une grosse majorité d’hommes mais ça n’est pas plus mal (rires). J’ai grandi comme ça, entourée de copains. » En revanche, quand elle visitera les aménagements prévus sur le site de la Géraudière à l’Inra Nantes, elle mettra bien son casque.

Sur le terrain

Ce projet Colipri, c’est sa grande affaire du moment. À partir de septembre, un espace de conférences de 360 m2 et une animalerie de 250 m2 vont être érigés. Le premier à l’entrée du site et la seconde à la place de l’actuel et vétuste bâtiment Gesvres 3. Florence est chargée de la gestion administrative de ce chantier de 2 595 000 € et ça la passionne. « De la commande à la réception, j’aime être impliquée de A à Z dans un projet. C’est gratifiant d’en maîtriser les tenants et aboutissants. » Pourtant, à la base, cette personnalité discrète était peu attirée par les responsabilités. 

 

Née à Nantes il y a 48 ans, elle grandit tout à côté à La Chapelle-sur-Erdre. Une enfance heureuse et rurale avec deux frère et sœur, une maman au foyer et un père enseignant. « Je rendais très souvent visite aux fermiers voisins, sourit Florence. Ma mère me disait : “La maison te brûle les pieds“ ». Après un BEP Administration commerciale et comptable, elle est admise en bac pro Gestion comptabilité. Au bout de deux mois, pourtant, elle abandonne ses études et accepte un CDI d’aide-comptable dans le prêt-à-porter, « au grand dam de mon père. » C’est que la jeune fille a une autre passion en tête : le football.

« Si on construit, on démolit. »

Attaquante chevronnée, elle évolue au niveau national au Saint- Herblain Olympic Club. Cette fan des Canaris nantais et de Vahid Halilhodžić doit alors gérer un planning serré, entre bureau, entraînements et matchs du week-end. Aujourd’hui encore, elle joue chaque semaine. En 1994, elle se retrouve au chômage et remarque une annonce au Pôle Emploi de la mairie de La Chapelle-sur-Erdre. Il s’agit de remplacer une agente du service comptable de l’Inra nantais partie en congé maternité. Ce dernier se transforme en congé parental et, deux ans après, la contractuelle est toujours là.

 

Gestion des dépenses, mises en paiement, saisies… la tâche lui plaît. En 1996, elle réussit le concours externe et est affectée à l’Inra de Jouy-en-Josas (Yvelines). « Je n’étais jamais sortie de ma province et c’était un arrachement », admet-elle. Un quinquennat plus tard, elle est de retour à la Géraudière, chargée des achats de fournitures et des travaux. Aujourd’hui, technicienne de la recherche exceptionnelle, elle gère exclusivement les travaux. « La fusion des centres de Nantes et Angers, en 2008, a provoqué l’élargissement de mes activités, notamment celles liées à la réhabilitation et la construction de beaucoup de bâtiments sur ces deux sites. Sachant que la politique de l’Inra est : si on construit, on démolit. » Les périmètres ne sont pas extensibles et la surface bâtie doit rester stable.

Plus de 33 000 m2 de bâti

Réunions de chantier, contacts avec les entreprises, appels d’offre, maîtrise d’œuvre… Florence Creusé ne s’ennuie pas. En plus de l’enveloppe allouée aux opérations immobilières, elle dispose d’un budget de 120 000 € par an pour l’entretien des bâtiments. Ensemble, Angers et Nantes représentent plus de 33 000 m2 de bâti. « Mon responsable, Eric Doublen, me laisse beaucoup d’autonomie et la variété de mes responsabilités proscrit la routine. Ce que je fais n’est jamais rébarbatif. »

 

Sa journée terminée, cette fervente défenseure de l’environnement rejoint son conjoint dans leur maison de Notre-Dame-des-Landes et retrouve leurs voisins agriculteurs. « Avec la lutte contre le projet d’aéroport, on a été au cœur de leurs problèmes. Quand mon bocage a été sauvé, j’ai été très soulagée... » Au bout du fil, on ressent une forte émotion dans la voix de celle qui se voit « comme une petite fourmi au travail ». Une fourmi diablement efficace.