illustration Esther Dzalé, l'algorithme de sa vie
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Esther Dzalé, l'algorithme de sa vie

À la Délégation à l’information scientifique et technique d'INRAE, Esther Dzalé Yeumo se passionne pour les données. Pour elle, l’ère des Big data, de l’Open science, dessine les contours d’une fabuleuse opportunité pour la recherche : « C’est une chance de connecter les connaissances, de faire avancer les découvertes ! » L’ingénieuse informaticienne donne le rythme, pour permettre à la science d’aller plus vite.

Publié le 06 juillet 2018

Son parcours jusqu’à l’Inra, Esther Dzalé Yeumo le qualifie de sinueux. Il commence au Burkina Faso. Après un bac option scientifique et une année de physique-chimie à l’université de Ouagadougou, elle intègre sur concours en 1993 la première grande école interafricaine en informatique à Libreville au Gabon. Après un diplôme d’analyste programmeur, elle poursuit des études d’ingénieur informatique, qui la conduiront pour la première fois en France, et au monde de la recherche avec un stage dans un laboratoire du CNRS à Toulouse. « J’ai ensuite eu l’opportunité de suivre une formation à Clermont-Ferrand, avec un stage dans une start-up en bio-informatique : ça m’a plu ! Et m’a conduit à l’Irisa à Rennes, où j’ai contribué à la mise en œuvre de la plateforme de bio-information BioGenOuest. » 

Expertise modèle

Mon credo : pouvoir être utile là où je suis

C’est en 2005 qu’Esther est recrutée à l’Inra en tant qu’ingénieur en développement et déploiement d’applications à la Délégation Information scientifique et technique (DIST). « Une arrivée en deux temps : j’ai réussi le concours à la DIST alors que je venais d’être recrutée comme administratrice de données à l’unité de recherche Génomique-Info à l’Inra de Versailles pour un CDD de 3 ans, je n’y suis finalement restée que 2 mois ! »
Entre 2005 et 2008, Esther travaille sur ProdInra, l’archive ouverte des productions scientifiques de l’Institut. « Le projet était déjà lancé, j’assurais à la fois des missions de maîtrise d’œuvre et de maîtrise d’ouvrage en assistant les chefs de projet informatique et fonctionnel. J’ai rapidement réalisé que j’avais besoin de travailler sur plusieurs projets à la fois ! »
Alors seule informaticienne de la DIST, elle co-anime le « pôle techno » : « l’objectif est d’explorer les technologies pertinentes pour mener nos missions, et de les mettre en œuvre après expérimentation. » Elle s’intéresse aussi au web sémantique dès son émergence, un domaine axé sur la façon dont on donne un accès aux connaissances sur le web, en livrant des données explicites, contextualisées et liées. « Au départ mes collègues trouvaient ce chantier des données trop techniques ou en dehors de leur périmètre. Mais au fil du temps, j’ai réussi à les y intéresser, et à les faire monter en compétences sur ces questions, j’en tire une grande satisfaction. »

Les données en partage

À partir de 2013, elle s’implique davantage sur les questions de partage des données, avec la participation au Research data alliance, une initiative internationale réunissant plus de 7100 membres, chercheurs, professionnels des données scientifiques, de 137 pays, pour mettre en œuvre des infrastructures communes de partage de données. « Au départ, j’y allais pour écouter et donner un coup de main, mais on m’a rapidement proposé de prendre en charge un groupe de travail sur l’interopérabilité des données sur le blé. Je ne me sentais pas très légitime, ne connaissant pas particulièrement le domaine du blé, mais finalement cette expérience s’est très bien passée. J’ai pu faire dialoguer ensemble les compétences en informatique, bio-informatique et IST et cela a débouché sur la réalisation d’un guide pratique sur l’interopérabilité des données sur le blé. » Aujourd’hui Esther continue d’être leader sur un niveau plus global des données en agriculture. À l’Inra, les chantiers sont aussi nombreux. Avec l’animation de plusieurs groupes de travail et la création du pôle Digital IST, Esther, directrice de l’unité depuis 2017, accompagne l’évolution de la politique de données de l’Institut, en mettant en œuvre des outils et des services. Récemment, avec le pilotage de l’offre de service « DOI », permettant aux scientifiques d’obtenir l’identifiant numérique d'objet utilisé pour la gestion des ressources notamment dans les bases de données bibliographiques, ou de la plateforme de gestion et de partage des données scientifiques Data Inra, Esther a mené des projets avec succès. « Ces outils accompagnent le changement culturel de l’Inra vers l’Open science, c’est une fierté d’être aux côtés des scientifiques dans cette réflexion. »