Changement climatique et risques 3 min

Anticiper les effets du changement climatique pour adapter les forêts

Comment adapter la gestion des forêts au changement climatique ? Le projet FORADAPT s’est penché sur les raisons du dépérissement des arbres, c’est-à-dire les facteurs environnementaux qui engendrent leur mort ou empêchent leur reproduction. L’objectif est de développer un outil d’anticipation pour la recherche comme pour les gestionnaires forestiers.

Publié le 11 janvier 2018

illustration Anticiper les effets du changement climatique pour adapter les forêts
© INRAE, Michel Etienne

Le changement global modifie les températures, la concentration en dioxyde de carbone de l’air, la pluviométrie…, autant de facteurs qui régulent le fonctionnement des forêts. Pour adapter la gestion des peuplements forestiers à toutes ces modifications de l’environnement, le projet FORADAPT – Déterminer les potentialités d’adaptation des forêts au changement climatique, s’est attaché à mieux comprendre la vulnérabilité des arbres. Pour cela, des équipes d’écophysiologistes, de généticiens, d’écologues d'INRAE et de gestionnaires forestiers ont travaillé ensemble pour synthétiser et améliorer les connaissances existantes, élaborer des bases de données et créer des outils de modélisation et de prédiction.

L’importance de la variabilité individuelle

L’adaptation de l’arbre et des forêts au changement climatique se joue à trois niveaux : la plasticité phénotypique, qui représente la capacité d’acclimatation d’un arbre au cours de sa vie, l’évolution génétique des populations, qui répondent à la sélection naturelle, et la migration ou le remplacement d’une espèce par une autre. 

« Nous avons observé que le taux de migration était trop faible par rapport à la rapidité du changement climatique, précise Hendrik Davi, rapporteur du projet. Et c’est identique pour l’évolution génétique : nous avons démontré par modélisation qu’il fallait au moins 5 générations pour qu’une divergence génétique se mette en place. C’est encore trop long ! »

Reste alors la plasticité phénotypique, cette capacité intrinsèque de l’individu à s’adapter à un environnement qui change. « Les arbres ont une plasticité architecturale très importante, ce qui leur permet par exemple d’aller puiser de l’eau quasiment dans la nappe phréatique si les conditions sont très sèches », poursuit le chercheur.

Prédire pour mieux adapter

Toutes ces connaissances ont permis de créer un outil à destination de la recherche et des gestionnaires forestiers. L’objectif : prédire la présence ou l’absence d’une essence forestière en fonction des données climatiques. « Il fallait un outil qui prenne en compte les données physiologiques, démographiques et génétiques, pour proposer des solutions d’adaptation, appuie Hendrik Davi. Plusieurs scénarios de gestion forestière peuvent être testés afin d’éclairer les gestionnaires sur le type d’adaptation à réaliser : maintenir les essences en place en optimisant leur sylviculture, ou les remplacer par des espèces mieux adaptées. Il existe aujourd’hui des arbres déjà adaptés au changement climatique ! » Utilisable uniquement par la recherche pour le moment, cet outil est destiné à l’avenir à l’aide à la décision des gestionnaires forestiers, grâce à l’élaboration d’une interface propre. À terme, l’outil intégrera aussi les dimensions économiques et sociales afin de couvrir l’ensemble des services rendus par les forêts.

Références :

  - Boiffin, J., Badeau, V., Bréda, N., 2017. Species distribution models may misdirect assisted migration: insights from the introduction of Douglas-fir to Europe. Ecological Applications 27, 446–457.
- Davi H, Cailleret, M. 2017. Assessing drought-driven mortality with a process-based model. Agricultural and Forest Meteorology 232 (2017) 279–290.

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