Société et territoires Temps de lecture 4 min
Revue Sésame, nouveau numéro !
Produit par la Mission Agrobiosciences INRAE, la revue Sésame, aborde avec réflexion et parfois avec "mordant" différents débats de sciences-société. Parmis les sujets au programme de ce nouveau numéro : les croyances autour de la covid, les promesses de l'alternative à la viande, des chèvres férales qui reprennent le maquis, une agriculture japonaise post-fukushima...
Publié le 17 juin 2021

Sésame numéro 9 - l'édito

Il y a comme des bégaiements de l'histoire qui en disent long...
Un an de pandémie et plus de 100 000 morts en France. Premier pathogène mondial, killer number one, le Sars-Cov-2 est aussi venu révéler nos propres dysfonctionnements. Serons-nous pour autant davantage préparés individuellement et collectivement à la prochaine épidémie ? Pas sûr. Constat sévère, pistes de réflexion et « questions impertinentes, toujours légitimes en démocratie ».
Dix ans écoulés depuis les « printemps arabes » et reste, toujours, cet espoir nourri d’un souffle nouveau impulsé par la jeunesse rurale. Voeu pieux ? Une décennie, également , après la catastrophe de Fukushima, avec la triade destructrice séisme-tsunami-contamination radioactive, on apprend que la réhabilitation du territoire doit passer, étonnamment , par l’agriculture érigée en priorité politique. Quoi qu’il en coûte.
… Et des évolutions muettes à mieux déchiffrer
Telles les salutaires clarifications sur le rôle que pourrait jouer la forêt dans le changement climatique, les enjeux éthiques de la viande in vitro débattus paisiblement ou encore cet accent mis sur les travailleurs invisibles del’agriculture. Enfin, nous essaierons de suivre les voies sinueuses des chèvres et d’une foule d’autres animaux, réensauvagés, conservés, chassés… jouant souvent le rôle de boucs émissaires de nos propres errements. Et surtout, n’oubliez pas : bien plus qu’une simple revue, Sésame c’est aussi un blog sur lequel la majorité des articles de cette édition et beaucoup d’autres choses sont publiées.
Extrait du dossier " COvid, Croyances et recits"
"La politique de santé publique et la pratique médicale, jamais parfaitement accordées, ne jouent pas sur les mêmes lignes de transformation. Instrumentiste plus ou moins virtuose, le médecin doit doublement trouver sa voie : improviser avec ses patients et interpréter les normes publiques. Il suffit d’un minimum de sens critique pour deviner que l’énonciation de règles qui n’ont pas été débattues ni soumises à des acteurs de terrain conduit à des blocages, des oppositions, des conflits d’autorité et, surtout, renforce le pouvoir de collèges d’experts. Dans le cas français, un opaque conseil de défense aura imposé pendant plus d’un an une politique sanitaire dont le statut d’intérêt général est sujet à caution. En monopolisant la prise de décision, sans passer par la discussion publique, ce dispositif s’est exercé à délégitimer toute capacité d’auto-organisation issue des expériences pratiques. Un tel mode de gouvernement aggrave les déficits de démocratie déjà observés avant la pandémie, rendant manifeste le glissement vers une gestion autocratique : confiscation du débat public, déploiement des forces de l’ordre plutôt que la société civile, standardisation de solu-tions industrielles au détriment de l’expérimentation collective des différentes façons d’exercer la médecine et d’interpréter les études scientifiques.Au printemps 2021, le diagnostic est sévère : instrumentalisée, la lutte contre la pandémie de Covid a rompu avec l’idéal de « démocratie sanitaire » et s’est soldée par un échec sans précédent, corroboré par la nécessité d’un nouveau confinement général en avril 2021."