Changement climatique et risques 3 min

Coup de chaud sur la truffe

La truffe se fait rare et son prix flambe. Éprouvé par des étés de plus en plus secs, le précieux champignon risque-t-il de disparaître de nos menus de Noël ? INRAE coordonne un programme de recherche participative pour comprendre et contrecarrer les effets néfastes du changement climatique sur la production de truffes. Partez à la poursuite du diamant noir avec l’unité « Interactions Arbres Microorganismes » le temps d’un reportage vidéo.

Publié le 20 décembre 2017

illustration Coup de chaud sur la truffe
© INRAE

Les efforts de plantations des 40 dernières années ont permis d’enrailler la baisse de production de truffe qui avait débuté après la première guerre mondiale. Depuis 25 ans la production ne diminue plus, elle stagne autour de 30 tonnes avec de fortes variations saisonnières dues au climat. En particulier, les sécheresses estivales de plus en plus longues mettent à mal les régions trufficoles du pourtour méditerranéen mais aussi de plus en plus fréquemment les régions plus septentrionales.

Afin de rendre la production moins aléatoire, les chercheurs d'INRAE étudient la truffe sous tous ses aspects : génome, écologie, nutrition, développement, reproduction et interactions avec les plantes, interactions avec les autres champignons et les bactéries. Les apports d'INRAE sont significatifs autant d’un point de vue scientifique, que d’un point de vue pratique avec la mise au point de l’inoculation des plants mycorhizés, qui associe en serre l’arbre et la truffe, et l’amélioration des techniques culturales.

En savoir plus : un programme d’expérimentation nationale

Réseau CulturTruf. Les sites de truffe noire (Tuber melanosporum) sont représentés en bleu, le site de truffe d’été (Tuber aestivum) en jaune et le site de truffe de Bourgogne (T. aestivum var uncinatum) en rouge.
Truffe noire : bleu, truffe d’été : jaune et truffe de Bourgogne : rouge.

CulturTruf est un projet de recherche participative soutenu par FranceAgrimer et piloté par INRAE. Co-construit avec les organismes professionnels, la Fédération française de la truffe (FFT) et le Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes (CTIFL), il associe les régions trufficoles françaises. L’objectif du programme est de déterminer l’effet des techniques culturales sur le régime hydrique des truffières et le cycle biologique des truffes.

Concrètement, il s’agit de fournir des outils aux professionnels. En effet, le suivi du régime hydrique du sol est indispensable pour optimiser l’irrigation des truffières. Car si la truffe a besoin d’eau, les excès peuvent être tout aussi néfastes. De même, posséder un indicateur mesurant les besoins en eau permet d’en raisonner l’apport et évite un gaspillage de la ressource. Or, cette technologie est onéreuse ; c’est pourquoi les chercheurs testent des équipements (sondes) moins chers. Ils estiment qu’ils pourront proposer très prochainement des outils à des prix abordables à la profession pour suivre le régime hydrique des truffières.

La première tâche du projet qui consistait à identifier et instrumenter des sites expérimentaux a été effectuée en 2016. 13 sites ont été sélectionnés et installés : 11 pour la truffe noire du Périgord (T. melanosporum), 1 pour la truffe d’été (T. aestivum), 1 pour la truffe de Bourgogne (T. aestivum var. uncinatum). Deux autres tâches sont également engagées avec le début des relevés du régime hydrique des sols des truffières et le suivi du mycelium de truffe dans le sol pour des analyses ADN. Ces outils ADN ont été mis au point dans le cadre d’un projet financé par le Labex ARBRE (ClimaTruf) qui a aidé à la mise en place de CulturTruf. Les résultats sont communiqués à la profession via les conseillers régionaux en trufficulture au fur et à mesure de leurs acquisitions, pour qu’ils puissent les restituer rapidement aux trufficulteurs.


À propos de

site Inrae Champenoux

L’unité « Interactions Arbres Microorganismes »

Les recherches forestières sont au cœur des travaux d'INRAE Grand-Est Nancy. L’unité IAM s’intéresse aux relations entre arbres, champignons et bactéries, qu’elles soient à bénéfice réciproque (symbioses) ou nuisibles (pathogènes). Pour ce faire, l’unité étudie les microorganismes à différentes échelles, du gène à la communauté d’espèces. Depuis plus de 30 ans, l’unité développe avec des partenaires socio-économiques des projets de mycorhization contrôlée ayant pour but d’améliorer la croissance des arbres mais aussi de produire des champignons d’intérêt gastronomique comme les truffes.

Patricia LéveilléRédactrice

Pierre de Parscau Réalisation vidéo

Contacts

Francis Martin et Claude MuraInteractions Arbres/Micro-organismes (Inra / Université de Lorraine)

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