Nicolas de Menthière, directeur de l’Appui aux Politiques publiques

« L’appui aux politiques publiques est une finalité de l’action »

Directeur en charge de l’appui aux politiques publiques au sein de la Direction de la valorisation et de la contractualisation (DIVaC) d’Irstea depuis 2017, Nicolas de Menthière rejoint INRAE sur un poste dans la continuité et ancré dans ses convictions : « L’appui aux politiques publiques est une finalité de l’action », commente Nicolas de Menthière. « Il mobilise les données et compétences scientifiques pour aider les décideurs face aux grands enjeux qui nous attendent par de nombreuses modalités : l’expertise, la prospective, la formation continue d’opérateurs publics, la recherche ou la normalisation. C’est pour moi une belle mission que de favoriser cette rencontre ». Nicolas de Menthière compte notamment construire une offre d’appui aux politiques publiques transversale entre les départements scientifiques pour répondre aux questions complexes des transitions agro-écologiques, énergétiques et alimentaires.

Les racines d’une vocation au service de la recherche

C’est en se baladant dans le Cantal avec son grand-père, ingénieur agronome, que le jeune Nicolas de Menthière a enraciné durablement son goût pour la forêt. Aux étés à les admirer succéderont donc des années universitaires à les étudier : à l’Ecole Normale Supérieure (ENS) en biologie, puis à Paris VI avec un Diplôme d’Etudes Approfondies (DEA) de physiologie végétale portant sur la comparaison de différentes provenances de pins maritimes conduites selon plusieurs régimes hydriques… dans deux stations de l’Inra. « Mon premier contact avec l’Inra dans les années 80 ! », remarque Nicolas de Menthière en souriant. « Dès lors, les fils conducteurs de mon parcours professionnel seront la forêt, l’environnement et la recherche ».

Et en effet, en 1982, il passe le concours externe d’ingénieur du génie rural, des Eaux et des Forêts (IGREF), option forêt. Après son service militaire, il devient chef du service forêt-environnement à la Direction Départementale de l'Agriculture et de la Forêt (DDAF) de la Haute-Vienne. En 1989, Il rejoint la Direction de l'espace rural et de la foret (DERF) : « A la sous-direction des industries du bois, j’avais la responsabilité du bureau de la recherche et de la technologie qui coordonnait les recherches sur la forêt et le bois conduites dans les différents organismes, comme le Cemagref, l’Inra ou l’Institut pour le Développement Forestier », se souvient Nicolas de Menthière.

La récolte et la tempête

Deux ans plus tard, il est détaché au Centre technique du bois et de l'ameublement (CTBA) comme chef du département Bois et Sciages. Il travaille « sur l’aval de la filière, la récolte, l’exploitation et la première transformation des bois ». Avec une équipe d'ingénieurs, il conseille les entreprises du secteur en développement de projets et en management de la qualité et de l'environnement. « Cette activité en continuité de mon poste précédent mais était également en prise avec le secteur professionnel ». L’activité de Nicolas de Menthière au CTBA, « diversifiée et passionnante », dépasse également les frontières. Ainsi, Il copréside le comité de normalisation européenne sur les bois ronds et bois sciés. Il coordonne une action européenne sur une exploitation forestière plus respectueuse de l'environnement en montagne et lance, après les tempêtes de décembre 1999, un projet européen sur la gestion des bois après tempête. Ce projet aboutira à un guide méthodologique et technologique sur la conduite à tenir dans ce type de situation, proposant notamment des systèmes de conservation des bois anaérobie ou sous l’eau expérimentés en Allemagne.

A la lisière de l’agriculture durable

En 2001 il rejoint le Cemagref comme directeur délégué aux systèmes d'information et à la communication (DSIC). A cette occasion, il représente l’ancien Irstea au comité de pilotage de l'expertise scientifique collective menée avec l'Inra sur la réduction des pesticides et la limitation de leurs impacts. « Cette analyse critique de la littérature scientifique internationale a marqué une étape dans le domaine de l’environnement : en 2005, deux établissements publics de recherche affirmaient pour la première fois publiquement que l’agriculture fondée sur l’usage des pesticides n’est pas durable », explique Nicolas de Menthière. « Elle a permis le lancement de programmes de recherche destinés à réduire les doses de pesticides employées, voire à s’en passer ».

Des scénarios scientifiques pour éviter les catastrophes

En 2009, Nicolas de Menthière devient directeur de la prospective, de la veille et de la valorisation de l’information scientifique et technique (DP2VIST) au Cemagref, « créée afin de diffuser la culture prospective au sein de l’institut et éclairer son positionnement stratégique, mais aussi afin d’apporter un appui aux politiques publiques efficace sur des enjeux de long terme comme l’environnement et de l’agriculture ». A partir de 2013, il co-anime le groupe transversal prospective de l’Alliance de recherche Allenvi. Il travaille d’abord sur une méta-analyse des grands scénarios internationaux d’évolution de l’environnement (ScénEnvi), puis sur « La mer monte » qui aborde les conséquences et les anticipations possibles de la montée du niveau de la mer d’ici 2100. « Sans une réaction rapide, nous devrons nous adapter à des situations critiques compte-tenu de l’importance des populations et des enjeux économiques des littoraux. Nous avons identifié les travaux scientifiques permettant d’aider les décideurs à s’y préparer ». En 2017, Nicolas de Menthière devient directeur en charge de l’appui aux politiques publiques à la DIVaC d’Irstea, ce qui lui permettra de conjuguer prospective et interface avec les décideurs publics, mais aussi de rejoindre INRAE fort d’une expérience et d’une vision précieuses pour ce nouvel institut.