Agroécologie 3 min

Impact des pesticides et de la structure du paysage sur la prédation des bioagresseurs dans les cultures

Des chercheurs INRAE de plusieurs départements de recherche collaborent au sein du réseau SEBIOPAG afin d’étudier les relations entre biodiversité, structure des paysages et le fonctionnement des agroécosystèmes. Ils ont mis en évidence le fait que la prédation des bioagresseurs par les auxiliaires de culture peut dépendre d’interactions entre la composition des paysages et l’usage de pesticides.

Publié le 30 juin 2020

illustration Impact des pesticides et de la structure du paysage sur la prédation des bioagresseurs dans les cultures
© INRAE

Développer les habitats naturels des auxiliaires de culture pour lutter contre les ravageurs

La lutte biologique par conservation est un mode de contrôle contre les ravageurs qui favorise les auxiliaires prédateurs naturellement présents dans le milieu en agissant sur le maintien de leurs habitats naturels. Véritable levier du développement de systèmes agroécologiques à faible usage de pesticides, ce mode de protection peut cependant être optimisé en identifiant les mécanismes impliqués dans la prédation des bioagresseurs par les auxiliaires. 

Les chercheurs INRAE ont testé l’hypothèse selon laquelle la composition du paysage et l’intensité d’usage des pesticides sont des paramètres influençant la prédation. Ils ont étudié les taux de prédation de pucerons, d’œufs de Lépidoptères et de graines adventices au champ en fonction de la structure du paysage et de l’usage de pesticides dans 80 parcelles du réseau SEBIOPAG, réparties sur quatre sites en France. 

La prédation, modulée par le paysage et les pesticides

Les résultats de l’étude montrent que la prédation des pucerons et des œufs de Lépidoptères dépend d’interactions entre le paysage et l’intensité d’usage des pesticides dans la parcelle. En effet, la proportion de prairies et la longueur des interfaces entre les bois et les cultures augmentent la prédation des pucerons dans les parcelles à faible utilisation de pesticides mais la diminuent dans les parcelles à forte intensité de pesticides. De plus, la proportion d’habitats favorables aux bioagresseurs dans le paysage diminue les taux de prédation, indépendamment du niveau d’usage de pesticides pour les graines adventices,  et uniquement dans les parcelles à faible intensité d’usage de pesticides pour les œufs de Lépidoptères.  

Ainsi le potentiel de prédation dépend d’interactions entre les caractéristiques du paysage et l’intensité locale d’usage de pesticides. Un fort usage de pesticides peut contrecarrer les effets positifs des habitats semi-naturels sur la prédation des bioagresseurs. A l’inverse, la réduction de l’usage des pesticides doit s’accompagner d’une augmentation des habitats semi-naturels pour garantir un contrôle biologique par conservation efficace.

Les acquisitions de données dans les quatre sites et les analyses se poursuivent dans le cadre des projets PREPARE et SEBIOPAG-STAR. Les objectifs sont doubles : identifier les facteurs qui influencent la variabilité du contrôle biologique dans le temps (sur plusieurs années) et, d’autre part, explorer les effets sur le contrôle biologique des pratiques agricoles dans l’environnement paysager des parcelles.
 

Références

Ricci, B., Lavigne, C., Alignier, A., Aviron, S., Biju-Duval, L., Bouvier, J.C., Choisis, J.P., Franck, P., Joannon, A., Ladet, S., Mezerette, F., Plantegenest, M., Savary, G., Thomas, C., Vialatte, A., Petit, S., 2019. Local pesticide use intensity conditions landscape effects on biological pest control. Proc. R. Soc. B Biol. Sci. 286: 20182898

SEBIOPAG : un réseau pour l’étude des Services Ecosystémiques assurés par la BIOdiversité dans les Paysages Agricoles
https://sebiopag.inrae.fr/

 

Johanna BERMUDESRédactrice

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