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CLIMATICK : influence du changement climatique sur les tiques

Le projet CLIMATICK étudie l’impact du changement climatique sur les tiques en s’intéressant à leur activité et à la dynamique de leurs populations en France métropolitaine. Il édite des cartes hebdomadaires d’activité d’Ixodes ricinus, vectrice de la maladie de Lyme, en lien avec la séquence météorologique.

Publié le 15 mai 2020

illustration CLIMATICK : influence du changement climatique sur les tiques
© INRAE

CLIMATICK (2018-2021)  élargit le champ de recherche de CC-EID (1) en intégrant Hyalomma marginatum, tique exotique et thermophile récemment arrivée dans le sud de la France et pouvant transmettre le virus de la Fièvre Hémorragique de Crimée-Congo (FHCC). Le projet s’intéresse à la biologie des tiques et inclut des observations expérimentales ciblées. CLIMATICK intègre également des compétences en sciences sociales afin de mieux communiquer sur les représentations du risque. Des simulations en climat futur 2050 et 2100 permettront d’étudier l’impact mais aussi les adaptations à envisager.

Les tiques sont le premier vecteur de maladies pour l’animal et le deuxième pour l’Homme (derrière le moustique). Les conséquences du changement climatique sur les maladies infectieuses commencent à être perceptibles. L’activité et l’abondance des tiques dépend des conditions météorologiques et environnementales qui sont modifiées à cause des activités humaines (changement global et climatique). Il est primordial d’apprécier le risque lié aux tiques en fonction de l’environnement et de la séquence météorologique et de prendre en compte les effets du changement climatique pour une meilleure adaptation. Ces dernières années, on observe un peu partout dans le monde occidental un renouveau de l’intérêt pour ces maladies qui se concrétise par la mise en place de plans nationaux pour leur étude et leur gestion (France, Suisse, Belgique, Hollande, Suède, USA, Australie etc.). L’identification des associations entre le climat, plus particulièrement la séquence météorologique (2) et les risques épidémiques des maladies vectorielles qui seraient ensuite traduites dans une politique de santé publique efficace reste un défi majeur pour l’Europe et au-delà.

Un réseau d’observatoire répartis sur la France métropolitaine

Observatoires climatick

Le projet CC-EID a permis de développer le premier réseau d’observatoire pour le suivi mensuel de l’activité des tiques et des variables météorologiques (température et humidité) mesurées localement et en continu. Ce suivi se fait sur une longue période de temps afin de mesurer les variations qu’il peut y avoir entre les saisons et entre les années. Les observatoires sont localisés dans des forêts ou des zones boisées correspondant à des climats variés. Si CC-EID se focalisait sur Ixodes ricinus, CLIMATICK intègre un nouveau modèle d’étude : Hyalomma marginatum. Cette tique thermophile est apparue dans le sud de la France depuis moins de 10 ans et peut être vectrice du virus de la Fièvre Hémorragique Crimée-Congo. Quatre nouveaux observatoires ont été ouverts avec des méthodes de collectes adaptées à chaque espèce de tique : la méthode du drap pour Ixodes et la collecte sur les chevaux pour Hyalomma. Les observatoires ont différentes compétences et permettent de suivre différentes études en parallèle comme la recherche de pathogène, le suivi de population d’ongulés sauvages et leur influence sur la population de tiques ou des études sur la biologie des tiques.

Des différences saisonnières d’activités des tiques entre les différents climats

Le réseau d’observatoires révèle des différences significatives selon les climats. Par exemple, pour Ixodes ricinus, on observe que l’activité est nettement diminuée en hiver en Auvergne à 1000m d’altitude, sous un climat montagnard, alors que ce n’est pas le cas dans le Midi-Pyrénées à 200m d’altitude sous un climat composite du bassin sud-ouest (Cf. graphe 1). Tandis que la fin de l’été et le début de l’automne est la période la plus défavorable pour la tique dans le site de Midi-Pyrénées. La période d’activité la plus forte s’étend classiquement d’avril à juin en plaine et de mai à juillet en montagne. Donc la période de la cueillette du muguet du 1er mai en forêt est une période à risque dans une zone à risque. Ce rythme saisonnier est lié notamment aux conditions météorologiques présentes et passées. Ainsi d’importantes variations interannuelles sont observées.

Evolution temporelle de l’activité de tiques
Evolution temporelle de l’activité de tiques (en pourcentages de l’activité maximale annuelle) depuis le printemps 2014. La courbe bleue correspond à une site de moyenne montagne tandis que la courbe rouge correspond à un site à climat du sud-ouest.

Des variations saisonnières et interannuelles des agents pathogènes transmis par les tiques

Durant 3 ans, les chercheurs ont étudié l’évolution des agents pathogènes présents dans les tiques Ixodes ricinus récoltées sur l’observatoire de Sénart, grâce à des analyses de criblage ADN à haut débit. Leur étude montre que la présence de plusieurs agents pathogènes varie de manière significative en fonction des saisons et des années. C’est notamment le cas pour les borrélies, bactéries responsables de la maladie de Lyme, qui ont été plus fréquemment détectées au cours de l’automne sur la période de l’étude (2015-2017). Ces résultats soulignent l’importance de réaliser un suivi régulier des populations de tiques et des agents pathogènes qu’elles transportent car le risque d’infection peut varier d’une saison à l’autre ou d’une année à l’autre.

Le projet CLIMATICK s’intéresse désormais à la comparaison des données récoltées sur les observatoires avec les données du projet de sciences participatives CiTIQUE et les données du réseau Santé Sentinelle sur les déclarations de maladie de Lyme. Cette étude a pour objectif d’évaluer l’existence de concordance entre les différentes données récoltées et de déterminer le rôle des observations des dynamiques de populations de tiques pour mieux prévenir le risque de maladies liées aux tiques.

Le modèle statistique développé dans le projet CC-EID appliqué pour FleaTickRisk

FleaTickRisk est un service de prévision du risque parasitaire en fonction de la météorologie, développé par la société Boehringer Ingelheim (anciennement Merial). Chaque semaine, des cartes permettent de visualiser le risque d’infestation par différents parasites dont les tiques. Depuis 2018, la modélisation des cartes de risque lié aux tiques intègre le modèle statistique développé par le projet CC-EID grâce aux données récoltées sur les observatoires. Auparavant les modèles de prédiction se basaient sur les données bibliographiques, et non sur les observations de terrain. L’intégration de ce nouveau modèle a permis d’améliorer la qualité et la précision des prédictions d’activités des tiques.

 

  1. Le projet CLIMATICK fait suite aux projets CC-EID (2014-2016) et CC-EID transfert (2017) qui ont abouti à la conception d’un modèle statistique transféré dans l’outil FleaTickRisk.
  2. La séquence météorologique est la succession sur plusieurs jours ou semaines des conditions météorologiques observées. Elle se distingue des normales climatiques qui sont calculées sur une moyenne de 30 ans. Les séquences météorologiques varient au cours de l’année et entre les années.

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