Biodiversité 3 min

Biodiversité après 2020 : la diversité génétique oubliée

En janvier, le secrétariat de la Convention sur la diversité biologique (CBD) a publié la première version de son « cadre mondial pour la biodiversité après 2020 » (1) . Dans un article publié le 6 mars 2020 dans Science (2), des scientifiques de plusieurs universités et instituts de recherche autour du globe, dont l’université de Bordeaux et INRAE, l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, alertent que les objectifs et indicateurs proposés dans ce document négligent la diversité génétique – l’élément de base de l’évolution et de toute la diversité biologique. Une abondance de preuves scientifiques reconnaît aujourd’hui le rôle crucial de la diversité génétique au sein des espèces pour la résilience des écosystèmes, la survie des espèces et leur adaptation, en particulier face aux menaces imposées par le changement global.

Publié le 06 mars 2020

illustration Biodiversité après 2020 : la diversité génétique oubliée
© INRAE

La CBD est un traité international relevant du Programme des Nations unies pour l'Environnement (PNUE) ouvert au Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992 et est actuellement signée par 195 nations plus l'Union européenne. En cette période critique pour la société et la planète, le document cadre « post-2020 » de la CBD décrit le besoin urgent de stopper la perte de biodiversité d'ici 2030 et de vivre en harmonie avec la biodiversité d'ici 2050. Les nouveaux objectifs et engagements concrets pour la conservation de la biodiversité pour l’après 2020 sont actuellement en discussion par les gouvernements et les acteurs non gouvernementaux pour un vote prévu en octobre 2020.

Le nouveau document cadre de la CBD est conçu pour guider les actions des pays en matière de conservation de la biodiversité et d'évaluation de leurs progrès. Il énonce cinq objectifs : protéger les écosystèmes, les espèces et les gènes, faire progresser le développement durable et assurer un partage équitable des avantages découlant de l'utilisation de la biodiversité et des connaissances traditionnelles. Le maintien de la diversité génétique y est donc inclus ; cependant, les scientifiques critiquent que les indicateurs de progrès considèrent surtout les espèces domestiquées, cultivées et les espèces sauvages apparentées aux espèces utiles. Ils recommandent que le document cadre post-2020 devrait explicitement engager les signataires au maintien de la diversité génétique de toutes les espèces, non seulement celle des espèces utiles, et à mettre en œuvre des stratégies pour stopper l'érosion génétique et préserver le potentiel d'adaptation des populations des espèces sauvages et domestiquées. Dans leur article, les scientifiques proposent des indicateurs améliorés pour le suivi de la diversité génétique des espèces, basés sur la taille génétiquement efficace des populations et sur le risque de perte de populations génétiquement différenciées.

Dans l’unité « Biodiversité, Gènes et Communautés » (BIOGECO), unité mixte de recherche INRAE-Université de Bordeaux, Myriam Heuertz, directrice de recherches INRAE et co-autrice de l’article dans Science, travaille sur la diversité génétique des arbres tropicaux. Elle s’intéresse particulièrement à la délimitation génétique des espèces d’arbres étroitement apparentées en Guyane et à leurs adaptations génétiques aux variations de l’environnement. À BIOGECO, un thème de recherche central concerne l’histoire évolutive et la réponse des espèces et communautés aux changements globaux, avec plusieurs organismes étudiés, dont des espèces phares comme les pins, les chênes et d’autres espèces d’arbres, mais aussi leurs organismes associés. La génétique permet ainsi aux chercheurs de l’université de Bordeaux et d’INRAE de produire des connaissances fondamentales qui peuvent servir d’outils pour prédire les réponses des forêts face au changement global afin d’assurer la provision en services écosystémiques et de mieux protéger leur biodiversité.

Forêt Amazonienne en Équateur (août 2019). Echantillonnage d'arbres du genre Eschweilera pour délimiter les espèces par marqueurs génétiques. Eschweilera est un genre qui comporte plusieurs espèces d'arbres hyperabondants dans les forêts amazoniennes, ces espèces remplissent donc des fonctions écologiques très importantes.

 

(1) "Zero draft of the post-2020 global biodiversity framework" :
http://www.cbd.int/doc/c/efb0/1f84/a892b98d2982a829962b6371/wg2020-02-03-en.pdf

(2) Référence :
Post-2020 goals overlook genetic diversity, Science  06 Mar 2020:Vol. 367, Issue 6482, pp. 1083-1085, DOI: 10.1126/science.abb2748
Linda Laikre, Sean Hoban, Michael W. Bruford, Gernot Segelbacher, Fred W. Allendorf, Gonzalo Gajardo, Antonio González Rodríguez, Philip W. Hedrick, Myriam Heuertz, Paul A. Hohenlohe, Rodolfo Jaffé, Kerstin Johannesson, Libby Liggins, Anna J. MacDonald, Pablo OrozcoterWengel, Thorsten B. H. Reusch, Hernando Rodríguez-Correa, Isa-Rita M. Russo, Nils Ryman, Cristiano Vernesi

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