Biodiversité 1 min

Invasive et allergisante, l'ambroisie est en pleine expansion

À partir du mois d’août, les allergiques doivent se préparer au déferlement des pollens de l’ambroisie à feuilles d’armoise. Dans certaines régions, cette mauvaise herbe des cultures est en passe de devenir la première plante du paysage ! Les chercheurs d'INRAE s’intéressent aux facteurs qui facilitent ou peuvent empêcher sa prolifération, étape clé pour une gestion durable du problème.

Publié le 26 août 2016 (mis à jour : 28 juillet 2020)

illustration Invasive et allergisante, l'ambroisie est en pleine expansion
© INRAE, UMR Agroécologie, INRAE Bourgogne - Franche-Comté

L’expansion de l’ambroisie à feuilles d’armoise (Ambrosia artemisiifolia L.), présente en France depuis un siècle et demi, semble ne pas connaitre de limite. Importée du continent nord-américain, « l’herbe à poux », comme on la nomme au Québec, a d’abord fait son apparition dans des champs cultivés en Rhône-Alpes. Elle occupe désormais toutes sortes de terrains dans la majorité des départements français, elle est également devenue un problème dans plusieurs pays est-européens.

Défi pour l'agriculture, fléau pour la santé publique

L'ambroisie à feuilles d'armoise a une impressionnante capacité d'adaptation

Au printemps, cette espèce annuelle peut fortement se développer dans les cultures qui viennent d’être semées comme le pois et le tournesol, ou sous le couvert de cultures d’hiver telles que le colza ou le blé. Elle progresse aussi le long des voies de communication et colonise les zones découvertes. L’ambroisie nuit aux rendements des cultures et rend difficile la gestion de la qualité des récoltes. Dans les zones agricoles, ses populations peuvent atteindre des tailles plus importantes qu’en bord de rivière ou de route. La longévité de ses semences, d’environ dix années, et leur taille importante, facilitent son installation dans les cultures.

 

L'ambroisie à feuilles d'armoise conquiert de nouveaux territoires à la faveur d’un ensemble de facteurs liés aux activités humaines. Dans les milieux cultivés, elle pourrait profiter de la réduction actuelle de la pression herbicide. Une moissonneuse batteuse ou une récolteuse de betteraves partagées entre plusieurs exploitations peuvent transporter ses graines à plusieurs kilomètres. Les transports de terre, de graviers, de matériaux de construction participent aussi à la dispersion de l’espèce. Dans le Sud de la France, l’eau des rivières ou des canaux d’irrigation contribue aussi à la propager.

 

6 à 12 % de la population exposée est allergique à son pollen

Au regard de son impressionnante capacité d’adaptation, la simple limitation de son extension est déjà jugée comme un objectif ambitieux.  L’historique de l’invasion, les processus écologiques et évolutifs liés à la colonisation de l’ambroisie, sa variabilité génétique, sa sensibilité aux herbicides… ont été étudiés par l’unité « Agroécologie » à INRAE Bourgogne - Franche-Comté pour mieux connaître les forces et faiblesses de la plante et en optimiser la gestion en milieu agricole et urbain. Actuellement les travaux se poursuivent sur la résistance aux herbicides de l’ambroisie.

Défi pour l’agriculture, l’ambroisie est aussi devenue un fléau pour la santé publique en raison de son pollen fortement allergisant. Elle est considérée comme un polluant biologique, au point qu’un « Observatoire des ambroisies » a été créé en 2011 dans le cadre du Plan Santé Environnement. Initialement piloté par Bruno Chauvel d'INRAE Bourgogne Franche-Comté,  et actuellement animé par la FREDON France,  l’Observatoire a pour mission de renforcer la coordination des actions de lutte et mettre l’accent sur la prévention contre cette espèce végétale envahissante et allergisante.

Une étude a évalué les pratiques pour gérer l'ambroisie en agriculture bio

Une étude a été menée par l'Institut technique de l'Agriculture biologique (ITAB) en collaboration avec l'UMR Agroécologie d'INRAE a analysé les pratiques mise en œuvre par les agriculteurs en agriculture biologique (bio), pour contrôler l'ambroisie à feuilles d'armoise. Elle a aussi évalué leur niveau de connaissance de cette plante selon leur région. Analyser les méthodes de gestion alternatives utilisées en bio est intéressant à plusieurs titres. Cela permet d'optimiser leur mobilisation par des agriculteurs bio dans des régions plus ou moins envahies par l’ambroisie, et notamment des régions nouvellement touchées. Cela permet aussi de les transposer en agriculture conventionnelle dans un contexte de réduction de l’utilisation de produits phytosanitaires.

Pour lutter contre l'ambroisie, la surveillance et l'observation sont cruciales

Les résultats de ce travail, livrés en 2019, montrent que l’ambroisie se gère en bio en combinant pratiques préventives et curatives couramment utilisées dans ce mode de production pour contrôler la flore adventice estivale. Il s'agit d'instaurer une rotation des cultures diversifié incluant une luzerne pendant 2 ou 3 ans, mais aussi d'observer les parcelles, de nettoyer les abords et les semences. Le nettoyage des parcelles combine des pratiques mécaniques telles que les déchaumages, faux-semis, et  désherbage mécanique en culture.

La spécificité de la gestion de l’ambroisie, face à sa forte capacité d’expansion, réside en une surveillance accrue et une prévention nécessairement renforcée. Les solutions pour la maîtriser peuvent ainsi aller jusqu’à une diminution drastique du retour de cultures favorables à son développement –tournesol, maïs, soja - dans la rotation, voire au désherbage manuel dans des situations favorables.

 

Pour aller plus loin : site web de l'Observatoire des ambroisies

Patricia LéveilléRédactrice

Contact scientifique

Bruno ChauvelUnité mixte de recherche Agroécologie

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