Agroécologie : des recherches pour la transition des exploitations, des filières et des territoires

L’agroécologie vise à mettre l’écologie au cœur de la conception des systèmes agricoles :

• pour en augmenter la durabilité, par un moindre recours aux intrants et aux énergies fossiles, et
• pour en augmenter la résilience, par un meilleur retour à l’équilibre, face aux aléas divers auxquels ils sont exposés (aléas climatiques par exemple).

Cela implique d’intégrer plus de biodiversité qu’il n’y en a actuellement, et ceci à tous les niveaux, depuis celui des espèces cultivées ou élevées jusqu’à celui des paysages et territoires. Cette diversification, pour être viable économiquement, implique des évolutions de l’ensemble des chaînes de valeur de la production aux coopératives agricoles et distributeurs, jusqu’aux consommateurs. L’agroécologie appelle une profonde reconception des systèmes et implique par voie de conséquence des recherches plus interdisciplinaires et plus intégrées.

Une réflexion interdisciplinaire sur la recherche nécessaire pour l’agroécologie

Un atelier de réflexion prospective interdisciplinaire réunissant 80 chercheurs a été organisé en 2018-2019 par INRAE. Ces deux ans de travaux ont abordé six grands thèmes de l’agroécologie :

• L’agroéologie dans les systèmes agri-alimentaires
• La transition agroécologique de l’exploitation agricole
• La valorisation des processus écologiques et hydrobiochimiques dans des paysages multifonctionnels
• La valorisation de la diversité génétique en sélection végétale et animale
• La modélisation des interactions du vivant, en lien avec les milieux et le contexte socio-économique
• La contribution des agroéquipements et du numérique à l’agroécologie : renforcer la prise de considération du vivant

Cet atelier a permis de faire le point sur les avancées récentes dans ce domaine et d’identifier les nouvelles questions posées à la recherche par la transition agroécologique. Quelles sont les différentes interactions au sein d’un système agroécologique ? Quels sont les effets extrêmement variés des structures agroécologiques ? Comment accompagner, stimuler cette transition agroécologique ?

Les recherches en génétique et en écologie du paysage sont mobilisées afin de pouvoir utiliser des leviers allant des espèces au paysage. La modélisation des systèmes agroécologiques se développe pour mieux comprendre les interactions biotiques et abiotiques¹  multiples, les prédire, et commencer à piloter certains systèmes. La diversification du vivant dans la production agricole (espèces, variétés, successions culturales, etc.) conduit à des produits plus variés et plus hétérogènes.

Les conséquences sont importantes sur les filières, ou plus exactement sur les systèmes agri-alimentaires, allant du mode de production aux produits commercialisés et consommés. Ces changements s’inscrivent sur le long terme. La transition agroécologique co-construite avec les acteurs est en soi un sujet de recherche. Les travaux s’appuient sur des dispositifs expérimentaux, des exploitations agricoles ou des territoires d’innovation, autant de lieux pouvant aussi servir d’émergence et de démonstrateurs. Par exemple, la plateforme expérimentale CA-SYS de Dijon, vise à construire et tester un paysage agroécologique expérimental à visée zéro pesticide. Les chercheurs y ont conçu et testent différents systèmes de culture, selon différentes modalités de travail du sol, et différents types de rotation de culture. Ils ont progressivement intégré différentes infrastructure agroécologiques.

Le 14 janvier 2020, a été organisée à Paris une journée de restitution de ces travaux. Des éclairages ont été apportés par des personnalités du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, de la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture), ainsi que par divers acteurs. Un ouvrage, édité chez Quae et distribué à tous les participants, résume l’ensemble des sorties de l’atelier. Il pourra être téléchargé gratuitement au format ebook ou commandé au format papier sur le site de l’éditeur à la fin du mois de janvier.

En savoir plus et lire un extrait de l'ouvrage : https://www.inrae.fr/actualites/agroecologie-recherches-transition-filieres-territoires

[1] En écologie, les facteurs biotiques représentent l'ensemble des interactions du vivant sur le vivant dans un écosystème. Opposables aux facteurs abiotiques, ils constituent une partie des facteurs écologiques de cet écosystème.