Société et territoires 3 min
De la mission scientifique à l’impact sociétal
Les impacts sont le résultat des recherches menées sur de longues périodes par l’Inra en partenariat avec de nombreux acteurs publics et privés. Ils peuvent être classés en cinq catégories : économique, environnemental, politique, sanitaire, et territorial/social.
Publié le 20 juillet 2015

Production et diffusion de connaissances scientifiques, conception d’innovations ou transmission d’un savoir-faire : la recherche agronomique a pour missions d’améliorer l’agriculture, l’environnement et l’alimentation. Acteurs économiques, pouvoirs publics et grand public bénéficient de ses travaux, directement ou indirectement. Tout le monde est donc concerné ! Mais à quel niveau et jusqu’à quel point ? Quelle est la part identifiable de l’Inra dans ces impacts multiformes ? Difficile de répondre a priori, car le bénéfice ne peut être attribué à un seul acteur.
20 ans, le « temps » moyen de l’impact
Convertir les travaux de recherche en produits
Même si l’Inra joue un rôle de premier plan, il s’associe à un grand nombre de partenaires qui interviennent tout au long du processus de production ou de diffusion des connaissances. Et ce processus est long, ce qui complique encore la tâche : 19 années et 5 mois séparent en moyenne le début des recherches de la matérialisation de l’impact. La complexité de cette évaluation tient aussi au fait que les impacts sont variés. L’équipe du projet Asirpa en a déterminé cinq : économique, environnemental, politique, sanitaire et territorial/social.
Ces impacts sont aussi le résultat des investissements importants réalisés depuis des décennies dans les infrastructures, les collections génétiques et autres troupeaux expérimentaux. Et bien sûr, ces impacts proviennent aussi de la capacité de l’Inra à produire des connaissances dites actionnables, c’est-à-dire permettant de convertir les travaux de recherche en produits (logiciels, objets techniques, méthodes…)
Un impact potentiel de 1 à 2 milliards d’euros pour la sélection génomique bovine
L’impact économique est sans doute le plus évident à concrétiser. Mesurer l’impact économique d’une recherche suppose d’identifier la contribution des différents acteurs qui s’y sont investis et de déterminer les retombées économiques pour les bénéficiaires. Prenons le cas de la sélection génomique. Cette technique, utilisée depuis 2009, consiste à croiser les animaux porteurs des gènes les plus améliorateurs en termes de fertilité, de résistance aux maladies, de qualité du lait ou de viande, de manière à obtenir une nouvelle génération meilleure que la précédente. L’impact économique de ces recherches devrait s’élever de 1 à 2 milliards d’euros (sur la base des impacts déjà constatés), uniquement pour les vaches laitières. Et ce n’est que le début, puisque la sélection génomique sera bientôt étendue aux autres espèces animales (bovins viande ou allaitants, ovins lait, truites d’élevage…)
Méthanisation : un impact environnemental ET économique
200 000 tonnes de déchets convertis en énergie renouvelable
Mais les recherches de l’Inra n’ont pas que des retombées économiques, loin de là. L’impact environnement est tout aussi remarquable. Le Laboratoire des Biotechnologies de l’Environnement (LBE) de Narbonne, une L'unité de recherche de l’Inra, a ainsi développé Provéo, un procédé de traitement des déchets agricoles, organiques ou animaux par méthanisation, qui permet non seulement de produire de l’énergie, mais aussi de réduire l’impact sur l’environnement. Notamment en limitant les émissions de gaz à effet de serre et en évitant le rejet des polluants dans les nappes d’eau. En 2005, l’institut a concédé à la jeune start-up Naskéo (aujourd’hui Naskéo environnement) la licence exclusive d’exploitation du procédé. Et les impacts ne se sont pas faits attendre. Aujourd’hui, Naskéo traite plus de 200 000 t/an de déchets en France, qui génèrent une puissance électrique de plus de 5 Millions Watts électriques renouvelables. Cet exemple est intéressant car il se traduit par un impact environnemental en plus d’un impact économique.
Priorités à l’environnement et à la décision politique
C’est d’ailleurs l'un des enseignements du projet Asirpa : 79 % des 30 cas évalués dans le cadre de l’étude ont généré un impact « multidimensionnel ». Et dans certains cas, par exemple la tremblante du mouton, toutes les dimensions d’impact étaient concernées. Notons aussi que, bien que remarquable, l’impact économique n’est pas systématique. Il ne concerne que 53 % des cas, contre 63 % pour l’impact environnemental, par exemple. Rien de surprenant ici : l’Inra n’a pas vocation à valoriser ses recherches d’un point de vue économique uniquement. L’impact de l’Institut dans les politiques publiques est notamment aussi fréquent que l’impact économique, avec là encore une implication très importante de ses laboratoires de recherche, comme le démontrent les travaux sur le Bisphénol A. Dans ce dernier cas, l’impact est aussi sanitaire.
3 milliards économisés en 25 ans
Les outils d'aide à la décision (OAD) développés par l’Inra depuis la fin des années 80 à l'attention des exploitants agricoles (Azobil en 1990, Azodyn à la fin des années 90 et enfin Azofert en 2003), ont contribué à réduire considérablement les doses d'azote utilisées pour les cultures, ce qui s'est traduit par une économie de plus de 3 milliards d'euros sur 25 ans. Mais les recherches qui ont débouché sur la création des premiers OAD remontent aux années 50 ! L’impact de la baisse de la fertilisation azotée n’est pas qu’économique. Il est aussi environnemental. Une réduction de la pollution de l’eau et des gaz à effets de serre a pu être mesurée.